Comme par hasard !
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2008/06/30/01016-20080630ARTFIG00269-rachida-dati-va-ficher-les-bandes-des-cites.phpRachida Dati va ficher
les bandes des cités
Jean-Marc Leclerc
30/06/2008 | Mise à jour : 18:22 | Commentaires 48
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Au cours des huit premiers mois de 2007, 147 rixes impliquant des groupes de jeunes ont été constatées en Ile-de-France, 10 % d'entre elles ayant lieu dans la capitale.
Ficher les bandes ? L'idée de la ministre de la Justice, Rachida Dati, n'est pas franchement nouvelle. Mais au fil des affaires qui visent la capitale, comme sur le Champ-de-Mars dans la nuit du 20 au 21 juin, une question ne cesse de se poser : pourquoi n'a-t-on pas été capable de prévoir de telles violences collectives ?
La police ne manque pas de rapports descriptifs sur le phénomène. Dans une note du 5 septembre 2007, les Renseignements généraux de la Préfecture de police de Paris estiment que «la capitale (…) est particulièrement exposée aux déclenchements de rixes». On y parle de 147 affaires en Ile-de-France pour les huit premiers mois de 2007 contre 130 pour la même période en 2006. Et les analystes de préciser que «10 % des actes de violences collectives enregistrés en Ile-de-France ont eu lieu dans la capitale».
C'est donc pour améliorer la prévention que Rachida Dati propose aujourd'hui un «fichier sur les bandes organisées». «L'idée est d'identifier ces bandes», expliquait-elle, hier, dans le Journal du dimanche, mais aussi «d'anticiper leurs mouvements, de savoir comment elles se construisent, comment elles fonctionnent, comment elles agissent. De nombreux pays européens le font.»
«J'ai eu vendredi, à son initiative, une réunion avec le président de la République sur ce sujet», a-t-elle confié. Autant dire un quasi conseil de crise, car selon l'Élysée, étaient présents à ces discussions sa collègue de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, et le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard.
«Le président était en Israël quand les événements parisiens se sont produits et il voulait faire le point», explique-t-on dans son entourage. Il faut dire que le VIIe arrondissement n'avait pas connu de tels débordements depuis les manifestations contre le CPE en 2006. «Imaginez trois cents gaillards qui frappaient et rackettaient au hasard les gamins venus fêter entre amis la fin des épreuves du bac au pied de la tour Eiffel. Ils cassaient tout sur leur passage et nous avons compté plusieurs blessés dans nos rangs, dont un grave», se souvient l'un des responsables du maintien de l'ordre, la semaine dernière, dans la capitale. Bilan judiciaire de la soirée : 22 gardes à vue, 13 déferrements et seulement deux personnes incarcérées, ce malgré les lois renforçant la répression contre les mineurs délinquants.
«Mettre fin à une hypocrisie»
La garde des Sceaux l'assure aujourd'hui : «Nous interpellerons tous ceux qui ont commis ces violences.» Elle indique, au passage, que le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a été fermement invité à installer quinze caméras pour surveiller, de jour comme de nuit, les abords du Champ-de-Mars.
Les fichiers sont-ils vraiment une solution ? «Depuis le gang des Apaches au début du siècle dernier, celui des bandes à Paris est alimenté régulièrement, tandis que les RG nationaux détiennent une base de données qu'ils complètent avec le fichier des brigades spécialisées», précise un expert. «Mais il faut bien le reconnaître, tout cela est morcelé et fonctionne de façon assez artisanale», déplore un commissaire de police.
Pour Bruno Beschizza, le secrétaire général du syndicat de policiers Synergie-Officiers, majoritaire à Paris, le système Dati aurait «au moins le mérite de mettre fin à une hypocrisie en dotant la police d'un fichier officiel sur les bandes». Encore faudra-t-il que la Commission nationale sur l'informatique et les libertés ne décide pas d'interdire cette initiative.