Dans la continuité de Clara Crocodilo, l'album
Tubarões Voadores (1984) apparaît comme une nouvelle sorte d'expérience extrême du tropicalisme et le vynil inclut un livret en forme de bande dessinée assez gore (des requins volants qui dévorent les habitants d'une grande ville, même une petite fille...). Certains morceaux évoquent une sorte de Zappa qui chanterait en portugais avec des sonorités freejazz et freerock, mais les plus beaux titres sont ceux qui sont arrangés pour petit orchestre symphonique : la belle valse-samba Lenda (Arrigo Barnabé, Eduardo Gudin, Hermelino Néder et Roberto Riberti), le lunaire Mística (Arrigo Barnabé et Roberto Riberti) très inspiré par Webern, Mirante (Arrigo Barnabé et Carlos Rennó), et surtout Canção do Astronauta Perdido (Arrigo Barnabé), morceau envoûtant et abstrait, qui se perd dans des limbes. Vânia Bastos parvient à chanter ces partitions extrêmement difficiles (qui sont globalement du niveau du Pierrot lunaire de Schoenberg ou des Lieders de Webern) avec une voix "normale" et un "canto falado" évidemment à mille lieux de certaines exagérations et du vibrato propre aux chanteuses lyriques (qui sont pourtant les seules habilitées à chanter le répertoire de l'école de Vienne).
http://www.youtube.com/watch?v=qTLlnY4WSSY