82 : 18
Il y avait d’abord la tête, que je nettoyais à la salle de bain. Je la débarrassais du sang, de la terre et de la crasse. Je lavais les cheveux avec le shampooing de maman. Il restait les traces de coups. Le visage était tuméfié et décoloré mais ça n’était pas grave, j’arrangeais comme je pouvais avec un bistouri, je coupais une poche de sang sous l’œil, je redressais le nez, ce genre de détail. L’esthétique n’était pas le plus important. Ensuite je la maquillais, il fallait qu’elle soit la plus belle possible. Quand j’avais terminé de l’apprêter j’allais l’installer à sa place, dans le sanctuaire. Je passais la nuit en masturbations et prières. Il m’arrivait d’utiliser la tête. Les démons finissaient par sortir de moi, le cercle les happait et des fois c’était si bon que je pleurais de bonheur. J’avais des orgasmes incroyables.
Je ne me souviens pas de beaucoup de détails. J’étais possédé, je criais, jouissais, vénérais les démons qui entraient en moi, j’étais le sujet et le lieu d’une orgie surnaturelle. J’utilisais tout ce qui provenait de mon corps, ma merde, mon sang, ma pisse, mes larmes, tout était bon, je me faisais prendre dans toutes les positions imaginables par les démons, maman participait, je déchirais son visage, je crevais ses yeux, j’arrachais ses dents, j’otais sa cervelle et je la possédais. Quand j’en avais terminé, je déposais sur l’autel ce qui restait de la tête.
Ce rituel durait onze heures. A la fin j’étais épuisé. Je m’endormais. Le sperme, la merde, tout séchait sur ma peau et sur les parois du sanctuaire, les odeurs s’imprénaient une nouvelle fois et se rajoutaient aux plus anciennes. Quand je me réveillais les bougies étaient éteintes et les encens avaient terminé de brûler. La tête de maman était méconnaissable, ça n’était plus que de la pulpe, des os broyés et des morceaux de peau. Je rassemblais tous les débris et je les incinérais dans le braséro. J’y ajoutais des poudres et j’inhalais.
83 : 17
Je nettoyais également les mains et les pieds, mais d’une façon moins précise. J’enlevais la terre et les autres souillures, ensuite je les faisais griller à la poèle et je les mangeais. C’était compliqué à cause des ongles et de tous les de petits os mais c’était important, c’était une phase essentielle.
Je me reposais une nuit complète dans le sanctuaire saturé d’odeurs de toutes sortes, le lendemain je prenais un bain et puis j’allais dormir encore quelques heures dans mon lit. Mon sommeil était traversé par un mélange de rêves, de visions spontanées et de visions provoquées. J’étais dans un état second, je me sentais poisseux, exactement comme quand on vient de faire un rêve érotique, qu’on vient de jouir et qu’au réveil tout sonne faux, que toute la réalité semble factice et que le rêve lui-même perd de sa consistance pour devenir une émotion imprécise, un simple écho qui provoque le malaise. Je me sentais comme ça pendant environ vingt-quatre heures, après vingt heures de sommeil. J’oscillais sans quitter mon lit entre toutes sortes d’état entre l’éveil au sommeil. Je ne bougeais pas, je me pissais et me chiais dessus si j’avais besoin, ça ne me dérangeait pas du tout, quelquefois je vomissais, l’important était de bien se vider l’âme, l’esprit et le corps en une purification intégrale. Je quittais cet état heureux et détendu. C’était l’accomplissement du rituel. Aux plaisirs sauvages succédait une joie douce et élégiaque, presque une illumination. J’étais à chaque fois transfiguré et cette inspiration me baignait pendant des semaines. Pendant des semaines j’étais heureux, serein, je vivais dans un état de béatitude qui finissait toujours par s’estomper. Lentement tout redevenait terne, je cessais peu à peu de vivre et les visites dans le sanctuaire se chargeaient de mélancolie. Mon énergie diminuait, je retombais dans le marasme et la survie mécanique, je perdais mes forces, j’attendais la pulsion, le renouveau, l’envie de recommencer le rituel. Elle revenait toujours, au bout de quelques semaines ou de quelques mois.
84 : 16
La deuxième sorte de victime, je l’appelais Florence. C’était une lycéenne entre seize et dix-sept ans et en classe de première, une allumeuse qui aime se faire draguer et qui baise facilement. Les repérages étaient plus longs car il fallait bien plus de discretion.
Je louais une chambre d’hôtel pas très loin du lycée. Je me présentais comme un touriste et me donnais une semaine pour trouver Florence mais ça demandait moins de temps car elle n’était pas difficile à débusquer. C’était est une race de pute très répandue. Je me postais une première fois aux abords du lycée vers huit heures du matin. Je savais me mettre et quelle attitude avoir pour ne pas me faire remarquer. A midi je mangeais au bistrot du lycée et commençais à me faire une idée. J’étais à l’affut. Quelquefois je me sentais nerveux. Un visage m’attirait, je devais le juger en quelques instants, mon cœur battait. J’épiais une conversation, j’essayais de saisir la couleur d’un string ou d’un soutif. Est-ce que cette pute est ma Florence ? Elle a les bons cheveux, mais a-t-elle la bonne voix ? Les nichons semblent bien. C’est excitant de chercher quelqu’un et encore plus excitant de le trouver. L’écouter parler aux mecs, la regarder se comporter comme une chaudasse en chaleur et se dire avec certitude que c’est la bonne, qu’une fois encore le miracle est recommencé. Du jour où je la trouvais je me branlais au moins quatre fois par nuit. J’imaginais ma bite coulisser entre ses gros nichons et lui prendre la bouche en force pendant que mon couteau lui baisait la chatte jusqu’à la garde.
La deuxième étape de la chasse consistait à se renseigner sur elle, découvrir son nom de famille, son prénom, son adresse. C’était facile. Il suffisait d’écouter leurs bavardages merdiques pour connaître son nom et une fois que je l’avais le nom tout le reste en découlait. J’aboutissais à un état d’incroyable tension sexuelle. Mes fantasmes devenaient de plus en plus sanglants.