Auteur Sujet: la nuit noire  (Lu 90761 fois)

2methylbulbe1ol

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la nuit noire « Réponse #90 le: juillet 20, 2008, 11:18:22 am »
Très joli dernier paragraphe  smiley15

doppelganger

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la nuit noire « Réponse #91 le: juillet 20, 2008, 11:36:24 am »
il n’y avait que la menace et la violence qui fonctionnaient.

ça te dis pas de réécrire la bible..........?

Et là Jesus marcha sur cet amas de cadavre pour venir saluer belzébut son frère , perdu de vue, qui mix du speedcore, en belgique, en string, de façon obscène, il mange des frites, satanique !!!!
Ezekiel-25-12, paroles de redemption.

konsstrukt

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la nuit noire « Réponse #92 le: juillet 28, 2008, 10:16:19 am »
61 : 06

J’ai passé toute la journée chez elle, à me suis branlé partout, dans toutes les pièces, sur les chaises, dans le lit, partout. Je m’en foutais de laisser de preuves, ils ne m’arrêteraient jamais. Ils ne me connaissaient pas. Je pouvais bien laisser mon sperme et mes empreintes, rien ne me relierait à cet appartement de merde, et ils n’avaient pas de dossier sur moi.
J’ai fouillé, j’ai feuilleté les magazines et les bouquins, j’ai lu le courrier, les factures et les recettes de cuisine, le programme télé, j’ai essayé des fringues, j’en ai massacré d’autres. J’ai piqué le fric et les médocs. Je me suis intéressé à ses clopes et à son gode, je me suis enculé avec et c’était pas. J’ai pissé et chié dans son lit, sur son tapis, sur des photos d’enfants. J’ai essayé de reconstituer sa vie. J’ai rassemblé ses fiches de salaire et ses tickets de caisse. J’ai étudié un calendrier avec des dates entourées ou cochées. J’ai observé ses chaussures, ses fleurs, sa salle de bain, sa décoration.
C’était une pute. Une salope. Elle lisait des journaux féminins et quelques livres de poésie ringarde. Elle avait une dizaine de paires de basket et beaucoup de maquillage, aucune marque de prédilection, des couleurs de lycéennes. Elle se maquillait, s’habillait et se comportait comme une pétasse. Elle était secrétaire. Un type lui envoyait beaucoup de lettres de cul. Elle se godait souvent.
C’était une salope, la même salope que ma mère. Tout ça avait un sens finalement, et il suffisait d’additionner les faits, avec froideur et lucidité, pour le trouver. La conclusion éclatait et il était impossible de s’en détourner.
A la la fin de la journée, j’en ai eu marre de me branler et de fouiller. J’avais fait le tour. Il était temps de partir. J’ai récupéré six cent francs en liquide et et des bijoux que je pouvais revendre. J’ai quitté l’appartement à la nuit tombée. J’ai repris sa voiture et j’ai roulé un bon moment.

62 : 05

Dans une autre ville, j’ai fait des achats, quelques objets indispensables, sacs-poubelle, scie, marteau, serpillères, gants de ménage, destop en poudre. Dans un coin paumé au milieu d’un bois j’ai emballé les morceaux dans les sacs et j’ai mélangé avec beaucoup de poudre. J’ai creusé plein de trous et j’ai enterré tout ça.
Je suis reparti. J’ai abandonné la voiture, clés sur le contact, sur le parking d’une gare, dans une patelin. J’ai pris le premier TER et suis descendu à la première petite ville. J’ai dormi à l’hôtel, j’ai mangé, je me suis promené parmi les gens, je me sentais vide. J’ignorais ce que j’allais faire. Cette pulsion qui m’avait conduit jusque là s’était éteinte avec la mort de la salope. Elle reviendrait, bien sûr, heureusement, mais en attendant je ne savais pas quoi faire, je n’avais aucun but, aucun projet, aucune énergie pour rien. ce soir-là j’aurais aussi bien pu me suicider. J’y ai songé. Après tout, j’avais fait ce que je devais et plus rien ne me retenait. Exactement comme mon père, exactement comme mon grand-père. Ce qui ma sauvé, c’était la certitude que cette pulsion délicieuse reviendrait un jour, qu’un jour de nouveau je me sentirai vivant, qu’un jour de nouveau son énergie et sa violence m’illumineraient comme je l’avais été ces derniers temps. Mais en attendant, je n’étais plus rien. Aussi bien, j’aurais pu m’allonger dans ma chambre d’hôtel et attendre, hiberner. Pourtant il me fallait survivre, en attendant que la vie revienne.
Dans cet hôtel j’ai passé la pire nuit de mon existence, à anticiper ce qui m’attendait, cet enfer terne et troué de temps en temps par la vie, par le plaisir, tellement puissant que ça valait le coup. Tout se déroulerait tout à fait comme mon enfance. Mon enfance avait été l’avant-goût de toute mon existence. Vivre m’était interdit. Je mangerai, dormirai, chierai, trouverai du fric et j’attendrai de redevenir moi-même. J’attendrai les démons. Ils reviendraient m’apporter le bonheur. J’ai pris le train pour Paris.

63 : 04

En vingt ans, j’ai habité toutes sortes d’endroits et j’ai fait des tas de choses pour survivre. Je trouvais ça morose. Je consacrais mon énergie à élaborer mon nouveau sanctuaire. Je ne pouvais pas m’y rendre souvent. Je guettais les pulsions comme un amoureux guette les signes de son sentiment. Les moments où je me réveillais. J’étais l’inverse d’un loup-garou, moi que cette malédiction poussait à être humain la plupart de mon temps.
J’ai vécu dans un hôtel, le genre qu’on paye au mois. Je vendais de la came. Je passais mes journées dans un square rempli d’Arabes et de tox. Les Arabes, des vieux, parlaient entre eux et les tox étaient là pour moi. Il y avait souvent des bagarres à coups de couteaux. Une fois, un black en a découpé un autre à la machette, devant moi, en lui foutant un grand coup de bas en haut. J’ai été impressionné. Je prenais de la coke et de l’héro et je n’avais pas beaucoup d’argent, juste assez pour survivre. Ma chambre était minuscule. Il y avait un lit à sommier métallique, une armoire et une télé. Je passais tout mon temps libre à prendre de l’héro et à regarder la télé et tout mon temps de travail assis sur le banc à prendre de la coke et à dealer. Il a fallu que je me batte, je le faisais sans plaisir. Au début j’avais un couteau, je suis vite passé au flingue. J’étais sur mon banc entre vingt-deux heures et sept heures du matin et le reste du temps dans ma piaule. Les flics ne nous faisaient pas chier, sauf lorsqu’il y avait un mort, soit overdose, soit coup de couteau. Là, ils viraient tout le monde et en foutaient deux ou trois en taule. A chaque fois, j’étais assez malin pour voir venir le coup. Je ne me suis jamais fait arrêter. Le mec de l’hôtel était un indic mais il n’a jamais bavé sur moi. Je lui foutais la trouille.

cindy cenobyte

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la nuit noire « Réponse #93 le: août 01, 2008, 11:43:22 am »
la dépression guette notre héros au grand coeur, esperons qu' une jeune fille à l' âme pure saura lui tendre la main
 :horror:  :biereu:  :biereu:  :biereu:  :biereu:  :biereu:  :biereu:  :p51:  :p51:  :p51:  :p51:  :eaudemer: <non pas celui là
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la nuit noire « Réponse #94 le: août 01, 2008, 15:21:30 pm »
ya plus que ça qui pourrait le sauver oui  et le cocktail de la pureté smiley6  :eaudemer:

Le caca ne fait pas tourner la terre, mais rend l'amour plus agréable !
Poil pour tous et tous à poil !
J'ai fait kk à ikea !
Les rêves sont au cerveau ce que le caca est aux intestins !
ça a l'air bien pour ceux qui aime bien!

konsstrukt

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la nuit noire « Réponse #95 le: août 04, 2008, 09:23:23 am »
64 : 03

J’ai vécu en foyer et dans des squatts. Ce que j’ai préféré, c’était vivre chez cette connasse de lycéenne que j’avais mise enceinte. Elle était amoureuse de moi, elle avait quitté le lycée et laissait tabasser. Je dealais du shit à l’époque. Je ne quittais jamais l’appart. Elle s’occupait de tout, courses, ménage, bouffe, tout. Elle se laissait baiser comme une poupée gonflable. Elle a fait une fausse couche, surement à cause de l’alcool et du shit, sans compter les branlées que je lui mettais. De toute façon, je ne voulais pas d’enfant. J’aimais bien la baiser, cette salope. Elle me laissait tout faire, juter sur sa gueule, pisser sur sa chatte, l’étrangler, tout. Elle s’appelait Aurore mais je l’appelais Florence. Quand elle se plaignait ou qu’elle chialait, je lui donnais une bonne trempe et l’enfermais deux jours aux chiottes. Elle ressortai douce comme un agneau. Je pouvais tout lui faire, elle m’aimait. Je l’ai prostituée pendant quelques mois. J’avais peur qu’elle se fasse choper par les flics ou qu’elle rencontre un type avec qui elle partirait, alors j’ai arrêté. Je l’ai gardée pour moi. Ca a duré trois ans. Quand j’en ai eu marre d’elle, je lui ai préparé un fix bien violent et elle est morte. Elle avait onze ans de moins que moi. C’était à Toulouse.
J’en ai fait, des villes. Il n’y avait que mon sanctuaire que ne changeait pas de place. Ca ne me dérangeait pas de me déplacer, voler une voiture c’était facile.
Cette idée d’avoir des putes à moi, ça m’intéressait alors à Lyon j’ai prostitué deux ou trois filles. C’était beaucoup de travail. J’ai renoncé assez vite. Je me suis lancé dans le trafic d’armes. Avec toutes les cités autour de Lyon il y avait de la demande. Après ça, j’ai racketté des putes et puis des épiceries de nuit, j’ai braqué un ou deux bureaux de tabac. J’étais violent, je faisait peur, j’étais une masse de muscle, personne ne venait me chercher la merde.

65 : 02

J’ai été cambrioleur. D’abord avec un complice, et puis j’en ai eu marre. Je lui ai fracassé le crâne. Je l’ai balancé dans la Drome. Je suis retourné à Paris. J’avais fait trop de vagues à Lyon. J’ai vécu plusieurs années dans le même squatt. Je trafiquais un peu de tout, surtout des armes et de l’héro. J’ai rencontré un journaliste, accroc à la coke, mon cas l’intéressait. Il a voulu écrire un bouquin sur moi. On se rencontrait souvent, je lui racontais ma vie. Il me parlait un peu de la sienne. Je l’ai mis au pas, lui aussi. J’ai commencé à lui parler de sa femme, de sa fille, de sa baraque, de tout ce qui se passerait s’il ne m’aidait pas un peu. Il a commencé à faire des livraisons pour moi. Je l’appelais au milieu de la nuit juste pour l’insulter ou pour lui filer des rencards bidons dans des parkings. Je le tabassais. Un jour, il a disparu. Le bouquin n’est jamais sorti.
A la fin des années quatre-vingt-dix c’est devenu plus difficile de survivre. Trop de flics. J’ai quitté Paris. Ca devenait trop dangereux. Avec les armes et la drogue trop de gens m’avaient dans le colimateur. J’ai trouvé une baraque au nord de Marseille. Il y avait une vieille, je l’ai séquestrée et l’ai tringlée pendant quelques semaines. J’ai gardée la baraque après qu’elle soit morte. Personne n’est venu me chercher. J’ai trafiqué un peu de tout avec la Corse et l’Italie. J’ai rencontré deux ou trois truands de haut vol, des gros cons, ils ne m’intéressaient pas. De toute façon j’avais chopé la syphilis. J’étais en train de crever et plus grand chose ne m’intéressait. Je n’avais plus besoin de fric. Je ne me droguais plus. Je volais pour bouffer.
Au cours de ces vingt années, je n’ai pas tué tant de gens que ça. Je tuais deux ou trois fois par an, pas beaucoup plus. Le reste du temps, je menais une vie normale.

66 :01

Il y a eu aussi Paul, le pédé. C’était un garçon fragile, la vingtaine, que j’ai ramassé un soir en stop. Je me suis installé chez lui. Il suçait et il branlait bien. Je ne lui ai jamais permis de m’enculer. C’était moi qui l’enculait. Je le prenais toujours de la même manière. Allongé sur lui. Je lui mettais ma bite, couteau à la main. Il ne me touchait pas. Il n’avait pas le droit. De la main droite je tirais ses cheveux, je tirais sa tête en arrière, et de la gauche je le tailladais. A chaque coup de rein, une entaille. Quand j’étais prêt à jouir je coupais plus fort et je projetais le sang accumulé sur le couteau en secouant le poignet. Les gouttes aspergeais le mur en face au moment où je me vidais les couilles. Je me souviens d’un poster de Madonna. Paul écoutait Madonna toute la journée. Il se laissait faire comme j’aimais. Je suis resté deux semaines chez lui avant de repartir. J’ai entendu dire que peu de temps après mon départ il s’était pendu. Mais à mon avis c’est juste une connerie de plus.
J’ai connu d’autres pédés. Il y en a eu un qui aimait que je le fiste et que je lui chie dessus. J’ai connu des tas de désaxés. Des tas de pervers. Tous ces connards aimaient que je les domine. Ils adoraient que je leur fasse mal. Ils tombaient amoureux de moi. Vraiment, je ne sais pas pourquoi, moi je les méprisais.
Entre les filles et les mecs, je n’avais aucune préférence. Un trou c’est un trou, ça ne change rien, et une bouche qui te suce, c’est pareil, l’important c’est qu’elle suce correctement. Le reste, c’est du pareil au même. La seule différence c’est qu’un mec tu peux y aller plus fort sans risquer de le tuer. Mais une femme, aussi fort que tu la cognes, ne se plaindra jamais. Plus tu la cogneras, plus elle sera amoureuse de toi.

doppelganger

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la nuit noire « Réponse #96 le: août 04, 2008, 13:38:52 pm »
smiley19 amen ! smiley14

djimboulélé

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la nuit noire « Réponse #97 le: août 08, 2008, 19:28:40 pm »
Citation de: "konsstrukt"
un peu de travail de nettoyage, pour que ça soit un peu plus pimpant


ah oui, va falloir tout relire parce que des fois t'oublies des mots.

sinon, moi, j'peux plus lire tout ça, c'est trop gore, j'arrive pas  y croire..ça se lit pourtant comme du petit lait, mais j'sais pas comment dire ça,
cette accumulations des pires horreurs, ça finit par m'anésthésier, j'vois pas où ça va...

peut-être qu'il me manquerait quelque chose de l'ordre d'une construction moins " chronologique.." quelquechose de plus compliqué qu'une suite d'évênements psychopathes...enfin, j'sais pas..

mais continue à tout prix et fait mieux encore.

j'imagine que t'as déjà lu ça :

http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Chants_de_Maldoror_-_Chant_I

konsstrukt

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la nuit noire « Réponse #98 le: août 08, 2008, 21:12:26 pm »
ouais, je sais, j'oublie des mots, j'en rajoute, c'est un peu moche, mais il me faudrait un tirage papier pour le travail définitif et pour l'instant j'ai pas la thune et pour avoir la thune j'ai du taf et ce taf ne me laisse pas beaucoup de temps, ah, vérole de charogne, on en sort pas.

oui, lautréamont, j'ai lu ça quand j'était petit, j'en garde des bons souvenirs.

(ho, très gore et très crédible, je peux te garantir que c'est pas incompatible ; après, si on part du principe que c'est l'histoire qui impose sa forme, et qu'ici nous avons une confession qui a pour but, pour l'auteur, de provoquer, sinon la sympathie, au moins une forme de compréhension - sinon, pourquoi l'écrirait-il ? pour choquer ? mais choquer qui ? il n'aime personne. mais alors, se justifier auprès de qui ? il n'aime personne, on te dit ! bref, la seule chose sûre à ce stade du récit, c'est qu'il écrit pour être lu, et un type comme lui, quand il veut être lu, il ne fait pas dans le tarabiscoté mais dans le simple, direct, compréhensible. notre ami n'a pas beaucoup lu joyce, encore moins lautréamont. ses seules lectures connues, ce sont des bouquins sur les loups. ça influence certainement sa façon d'écrire) (enfin, ceci dit, c'est juste une opinion)

cindy cenobyte

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la nuit noire « Réponse #99 le: août 08, 2008, 21:50:13 pm »
Citation de: "konsstrukt"
notre ami n'a pas beaucoup lu joyce, encore moins lautréamont. ses seules lectures connues, ce sont des bouquins sur les loups. ça influence certainement sa façon d'écrire) (enfin, ceci dit, c'est juste une opinion)


ça aurait été encore plus horrible si il avait lu des BD de Mon petit poney  :horror:  :horror:  :horror:


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la nuit noire « Réponse #100 le: août 11, 2008, 09:22:36 am »
smiley19 lundi  smiley20
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la nuit noire « Réponse #101 le: août 11, 2008, 09:23:39 am »
hé, ho, c'est les vacances, faut me laisser me lever tard, un peu !

***

67 : 33

J’ai toujours eu l’apparence d’une brute. A l’école primaire j’étais plus grand et plus costaud que tous les autres enfants. En quatrième je pesais soixante kilos pour un mètre cinquante-cinq. Je commençais à avoir du duvet au menton. Au lycée je mesurais un mètre quatre-vingt-sept et pesais plus de cent kilos. J’avais une barbe épaisse et noire, des cheveux noirs que je coupais courts, des yeux noirs. J’avais la peau mate. Je transpirais beaucoup. Je sentais la transpiration. Je m’habillais toujours pareil, un blue-jean, des pulls épais, un blouson de cuir. Je portais une paire des chaussures solides, des chaussures de marche. Je n’avais pas de bonnes dents, beaucoup de caries, je ne me lavais presque jamais les dents et j’avais une haleine chargée.J’avais des grosses mains souvent égratignées ou écorchées et une démarche pesante. Je faisais penser à un bucheron, je pense, et en tout cas, pas à un lycéen. Je faisais peur à tout le monde.
Lss gens me vouvoyaient. Mon regard n’était pas celui d’un enfant, il refletait une expression sombre et intériorisée.
J’avançais à pas lents et mes gestes aussi étaient effectués avec lenteur. Ils étaient précis. Je n’étais pas maladroit. J’étais capable de subtilité et de douceur mais je ne le montrais pas. J’aimais faire peur, j’aimais voir dans le regard des autres l’incertitude, la méfiance, la crainte, j’aimais qu’il n’osent pas me dire ce qu’ils pensent, qu’ils gardent leur mépris. Il ne me respectaient pas. Je les effrayais. Comme un ours. Ou un loup.
Ma voix a mué très tôt, j’ai pris ma voix d’adulte vers quatorze ans, une voix profonde. Je parlais lentement, je pesais bien mes mots, ce qui avec mon physique donnait une impression de stupidité. Je m’en foutais. Ca ne m’intéressait pas de leur montrer mon intelligence, je préférais qu’ils me voient comme un crétin dangereux, c’était beaucoup mieux comme ça, comme une brute idiote et violente. Ils ne sauraient jamais qui je suis réellement. J’étais un prédateur, je me dissimulais dans l’ombre.

68 : 32

Dans le dernier rêve dont je me souvienne avant que tout finisse, avant que les démons ne soient vraiment là, je chiais. J’étais devant la maison de mes parents et je chiais, je chiais, je n’en pouvais plus, c’était un long boudin marron, sans fin, qui sortait de mon corps continuellement et s’enroulait sur le sol, je n’en terminais pas avec cette merde, j’étais accroupi, et je chiais, il faisait soleil et ça se passait devant la maison de mes parents. D’un coup je me suis rendu compte que ça n’était pas le bon endroit pour ça et que je devrais aller aux chiottes alors je me suis relevé et je chiais toujours, je me suis relevé en chiant, il y avait déjà au sol au moins deux mètres de merde enroulée comme une chipolata et toujours était reliée à mon cul. Je chiais sans discontinuer, même debout, j’ai alors pris l’énorme boudin enroulé entre mes mains pour le porter aux chiottes. J’étais dans le couloir d’entrée. Je cherchais les chiottes. Je n’avais pas pu tout prendre, j’avais du sectionner le chapelet et en abandonner une partie. Je chiais toujours. Je déposais une partie de la merde au fond des chiottes et puis je revenais chercher ce que j’avais laissé de côté, et ce faisant je chiais encore et j’étais contraint d’en laisser encore une partie dans un coin en attendant, et ça n’en finissait plus. Au bout d’un moment j’ai vu mon frère et ma sœur se tenir devant moi et me demander ce que je faisais. J’étais incapable de leur répondre. Je continuais à charrier ma merde et à en remplir les chiottes et mon cul en produisait toujours.
Voilà. C’était mon dernier rêve. En tout cas c’était le dernier dont je me souvienne.
A la fin les démons sont venus, pareils à mes visions. Il est temps que je les décrive. Leur nom collectif, c’était Anteros. J’ignore ce que ça voulait dire. C’est comme ça qu’ils s’appelaient. Anteros étaient onze.

69 : 31

Le premier c’était Makout, le royaume. Il prenait les traits d’une vieillarde habillée en pute. Sa peau était ridée et flasque, avec un goître sous le cou. Les grandes lèvres et le clitoris de sa chatte fripée et épilée pendaient. Elle portait une perruque platine avec une frange qui lui tombait sur le front, une guépière noire, des porte-jarretelles et des talons-aiguilles noirs. Elle avait des faux ongles longs comme ceux des pornstars. Beaucoup de maquillage. Pas de dent. Sa langue pouvait s’allonger et durcir à volonté, selon qu’elle me suçait ou qu’elle me pénétrait. Malkout était le maître du sexe. Il me violait et j’adorais ça. Il buvait mon sperme.
Le deuxième c’était Yézod, la fondation. Il prenait les traits d’un vieux. Une infirmité des os déformait son squelette et lui donnait une silhouette de bossu. Ses bras était courts et maigres, et ses jambes longues et maigres. Il portait des vêtements dégueulasses qui dissimulaient une peau malade affligée de cicatrices, de croutes et de lacérations. Il jouissait de la douleur. Celle qu’il infligeait, celle qu’il recevait, c’était le maître de la soumission. Il m’apprenait à prendre mon plaisir dans la torture. Il me donnait des idées. Il me faisait mal tandis que Malkout me baisait avec sa langue brûlante et acérée. Il léchait ma douleur. Son regard devenait le mien.
Le troisième c’était Od, l’impuissance. Il prenait les traits de deux frères siamois reliés par les hanches. deux têtes, deux bras, quatre jambes. Deux nombrils. Ils avaient une maladie de peau. Des fistules partout, des croûtes jaunâtres, du pus qui suintait, des crevasses sanglantes à force d’être grattées, les gencives pourries qui saignaient en permanence, les dents cariées, des abcès, des kystes infectés. Ils me sont apparus la première fois qu’on m’a enlevé à ma mère. Ils sont les maîtres des prisons, des asiles, des lieux clos, des endroits où l’on entre pour ne jamais en ressortir, ils sont les maîtres des neuroleptiques et ils sont la psychose et la mort.

cindy cenobyte

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la nuit noire « Réponse #102 le: août 11, 2008, 09:52:13 am »
de bien beaux démons que tu nous décris là  :beholder:  smiley14  :smiley31:
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la nuit noire « Réponse #103 le: août 11, 2008, 19:47:43 pm »
(merci. et, by the way, le texte que je lirai au festival cannibal caniche sera tiré de cette partie-là de la nuit noire, normalement)

2methylbulbe1ol

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la nuit noire « Réponse #104 le: août 11, 2008, 21:44:27 pm »
Je ne me souvenais pas que le gentil narrateur avait une frère et une sœur, n'est-ce qu'en rêve ?