(gravure sanglante : jean-marc renault - jmr02.blogspot.com)
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85 : 15
La troisième étape, c’était l’enlèvement. J’adorais ça. Le stress, l’adrénaline. Florence ne se laissait jamais faire, mais elle était très résistante, ce qui me permettait d’utiliser la violence sans aucune retenue, de la massacrer à coups de poings, de pieds, de tête. Tant que je ne la tuais pas, tout était permis.
Je chopais Florence sur le chemin du retour. Je la suivais d’abord une première fois pour voir si elle rentrait en bus, en voiture ou à pieds, puis j’établissais un plan à partir de cette première donnée. Il fallait être rapide, d’abord piquer une voiture, ensuite guetter l’occasion. Ca pouvait être le moment où Florence se dirigeait vers le bus après avoir dit au revoir à ses copines ou alors le moment où Florence grillait une clope avant d’aller rejoindre la voiture de son père, il y avait toujours une occasion, tout ce qu’il fallait faire c’est la guetter, la remarquer et en profiter. La prédation. L’instinct. Je m’approchais de Florence d’un pas déterminé et sans regarder qui que se soit. Je lui montrais une fausse carte de police, je l’entrainais à l’écart pour discuter d’un ami à elle dont je mentionnais le nom et qui avait de sérieux ennuis. Je savais quelles phrases je devais dire pour à la fois la rassurer et l’inquiéter, je savais ce qu’elle allait répondre. C’était comme un arbre logique, comme un livre dont vous êtes le héros, je disais une phrase de départ à laquelle deux ou trois réponses étaient possibles et en fonction de ces réponses j’enchaînais sur une nouvelle phrase et ainsi de suite. Toute la conversation devait mener au même point. Elle devait être inquiète d’une façon abstraite mais ne pas se méfier de moi. C’était comme aux échecs, on avance le premier pion, l’autre joue aussi et à partir de là c’est terminé, réglé, son destin est scellé, tous les coups sont obligatoires, l’issue est inévitable. Je l’amenais à ma voiture et lui pompais ses forces. Elle était sans défense.
86 : 14
On se rapprochait de ma voiture, ce qui nous s’éloignait des autres. Tout ça se passait en quelques mètres, c’était une danse précise et elle dansait aussi même si elle l’ignorait. C’était excitant. De la pousser à faire le geste que je voulais qu’elle fasse. De lui faire dire la phrase que je voulais entendre. De voir son regard se troubler et prendre la nuance d’émotion que je voulais. Il fallait que je capte son regard et que je ne le lâche plus. Je ne lui permettais pas de me quitter des yeux. Sur les derniers mètres ma voix ne servait qu’à maintenir le contact, comme pour l’hypnose. Les fauves font ça avec leurs proies. Contact visuel et feulement continu. A la voiture tout allait très vite. La portière n’était pas verrouillée, les clés étaient sur le volant, je portais un coup très brutal aux reins, une prise au cou et hop dans la voiture, entrée côté passager elle se retrouvait côté conducteur, assise, les reins qui l’élançaient, le cou douloureux, du mal à respirer, et mon couteau était déjà collé entre ses cuisses et prêt à lui déchirer la chatte. Ma voix se changeait en grondement, mon regard devenait plus menaçant. Je lui ordonnais de démarrer, elle démarrait. Mon regard. Elle obéissait, elle ne songeait pas à désobéir. Je la dominais.
Nous prenions le chemin le plus court pour quitter la ville. J’avais repéré les lieux. Je choisissais les routes qui n’étaient pas surveillées. Bien sûr, la gendarmerie pouvait déjà rechercher la voiture volée. Je pouvais me faire arrêter à chaque instant. Ca faisait partie du plaisir. Cette angoisse. J’avais un flingue dans la boite à gants. Au cas où. Ils ne m’auraient jamais vivants.
En route, il y avait un moment où je la violais. Dès que je trouvais endroit tranquille, elle garait la voiture et on s’éloignait un peu. Je la baisais vicieusement. Pour lui faire mal. Pour la mater cette petite pute. Cette salope d’allumeuse, je l’ai fait couiner.
87 : 13
Je la gardais onze jours dans la geole. Quelquefois elle mourrait avant mais mon but était de la garder vivante onze jours. Au cours de cette période mon emploi du temps était précis. J’alternais onze heures de prière dans le temple avec onze heures à préparer Florence. Je ne me nourrisais pas. Je ne dormais pas. Mes journées duraient vingt-deux heures. Le décalage avec l’extérieur augmentait chaque jour. J’étais nu Les volets de la maison étaient clos. L’électricité était coupée. Seules les bougies m’éclairaient et je ne les laissaient jamais s’éteindre. Elles n’étaient pas disposées au hasard. Le shéma des bougies était Antéros.. Le temps mondain ne m’affectait pas. J’étais ailleurs.
Mes prières se passaient dans le temple. Elles duraient onze heures sans interruption. Au cours de dix premières heures je priais chaque démon séparément et ils venaient tour à tour me baiser ou me procurer des visions. Je consacrais la onzième heure à Anteros dans son ensemble. Les dix étaient là. Je sentais la présence d’Anteros, j’étais au centre d’une orgie, j’étais un objet, je passais de mains en mains, de langues en langues. Mes onze jours mystiques duraient un peu plus de dix journée séculières. La dernière prière atteignait une apogée et je perdais de grandes quantités de sang que remplaçait celui d’Anteros. Mes pouvoirs s’accroissaient. J’étais prêt pour le rituel.
Florence était nue dans la geole. Toutes les cent vingt-et-une minutes, j’allais la visiter et je lui donnais onze coups de fouet. Ensuite, je me masturbais sur elle. Au début elle tentait toujours de se défendre, mais au troisième ou quatrième jour elle ne réagissait plus à cause des privations. Je la forçais à tendre ses mains en coupe pour recueillir mon éjaculation. C’était son unique repas. Elle lapait. Elle me voyait soixante fois en tout, pour subir le fouet et manger mon sperme. Au cours de mes heures de prières je la maintenais ligotée et debout, assez proche des bougies pour que la brûlure des flammes l’empêche de dormir.