Auteur Sujet: la nuit noire  (Lu 90750 fois)

konsstrukt

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la nuit noire « le: mars 10, 2008, 07:29:46 am »

(jean-marc renault - http://www.jmr02.blogspot.com)

1 : 33

Mes plus vieux souvenirs, se sont des odeurs d’aisselles et d’autres parties de mon corps. J’adorais ça. Je ne sais pas quel âge j’avais, à l’époque. Je restais des heures dans un carton, à écouter mon père et ma mère picoler et discuter de trucs de plus en plus incohérents. J’aimais ce carton. Je m’y sentais chez moi. J’y restais des journées entières ; c’était avant que j’aie l’âge d’aller à l’école.
Je frottais mes doigts contre mes aisselles, et je les reniflais. Je passais la main entre mes couilles et mes cuisses, et je humais. J’ai continué à faire ça une fois adulte. L’odeur de ma sueur m’a toujours fasciné. Et toutes mes autres odeurs corporelles. Je suçais mon doigt, le matin, avant de me lever, et je respirais l’odeur aigre de ma salive. J’enfonçais mon doigt plus ou moins profondément dans mon trou du cul, selon que je voulais avoir une odeur plus douce ou plus acre. Mes parents n’ont jamais rien su de tout ça. Je restais plusieurs minutes enfermé dans mon carton, à renifler mon doigt imprégné d’odeur de merde et de sueur, sans penser à rien d’autre. Je n’entendais même plus les conversations idiotes de mes parents.
Très tôt, j’ai respiré ma merde. Quand je chiais, avant d’appeler ma mère pour m’essuyer (et puis plus tard, quand j’ai su me torcher tout seul, avant de tirer la chasse), je me penchais dans la cuvette pour renifler. Ou bien, je m’en mettais un peu au bout du doigt. Chaque jour, elle avait une odeur différente. Pourtant, je la reconnaissais tout le temps. C’était ma merde. Rien qu’à moi. Quand j’allais aux toilettes pour sentir la merde de ma mère ou de mon père, juste après qu’ils soient sortis, ça n’était pas pareil. Ca ne me plaisait pas. Il n’y avait que mes propres odeurs qui m’attiraient. Une fois, j’ai goûté mes excréments. Ca m’a déplu. Je n’ai pas recommencé. J’avais sûrement six ans, puisque mon père était encore vivant.

2 : 32

Enfant, j’avais un fantasme. Il m’a duré des années. Jusqu’à ma renaissance en fait, jusqu’à ce que je m’isole et que je quitte la société des hommes. C’était le fantasme de l’homme dehors, qui approche avec sa hache et vient me chercher. Qui vient me tuer.
La nuit, dans mon lit, juste avant de m’endormir, quand j’étais allongé sur le côté, il arrivait que mon oreille soit repliée sur elle-même, et alors j’entendais le battement de mon cœur pulser là, à mon oreille, avec une nuance granuleuse, qui rappelait les pas de quelqu’un vêtu de bottes, sur un sol de terre sèche ou de graviers. Ca arrivait juste avant que je m’endorme, et à chaque fois j’avais le même fantasme. L’homme à la hache venait me chercher, il allait d’abord tuer mon père, et puis ma mère, et puis moi ; il essaierait de défoncer la porte avec sa hache ou alors à coups de pieds, mon père entendrait ça et irait voir, ce serait le premier à mourir ; ma mère ensuite, les coups de hache feraient taire les hurlements qu’elle aurait poussés en découvrant la scène. Et moi, enfin. Calme ; ce serait un moment attendu depuis longtemps, quelque chose de normal ; je n’aurais pas peur, je ne me débattrais pas. L’homme serait enfin là, devant moi ; à force d’approcher, chaque nuit, chaque nuit, il serait là ; il serait grand, avec un manteau noir, une barbe, couvert de sang, et sa hache goutterait sur le sol. Il me sourirait, ses yeux seraient noirs et magnétiques, il lèverait sa hache, lentement, j’essaierais de ne pas fermer les yeux mais je n’y parviendrais pas, sa hache me fendrait la poitrine, j’entendrais l’os craquer, je sentirais le sang chaud, ça serait fini.
C’est un de mes plus doux souvenirs d’enfance. Ce moment, juste avant de m’endormir, où je prends la bonne position, et j’écoute les pas de l’homme, qui approche, à pas lents, calme, inexorable.
Vers quinze ans, j’ai perdu l’image.

3 : 31

La première chose morte que j’ai vu, c’est une mouche. Je n’allais pas encore à l’école. Mes parents et moi habitions un appartement en ville ; je ne sortais presque jamais. Ma mère était effrayée à l’idée que j’aille dehors. Elle faisait le ménage, et mon père était à son travail. Par la fenêtre, j’observais les gens, quatre étages plus bas. Il y avait des mouches. Ma mère en a tué une, juste devant moi, d’un coup de torchon contre la vitre. La mouche a laissé une trace rouge et elle est tombée par terre. Ma mère l’a ramassée et jetée dans un cendrier. J’étais fasciné. J’avais vu voler cette mouche, et je l’avais vu mourir. J’ai attendu que ma mère change de pièce, j’ai récupéré la mouche et je suis allé dans mon carton. Je l’ai observée, pendant un long moment, puis je l’ai écrasée entre mes doigts. Je me souviens de la sensation exacte. L’abdomen transformé en purée jaunâtre, humide contre ma peau, et le reste du corps, écrabouillé aussi, mais plus solide. Ca m’a soulevé le cœur. Et cette sensation était bonne, comme si ce haut-le-cœur dissimulait quelque chose de supérieur. Une conscience plus grande. Voilà ce que cette sensation m’avait suggéré. Bien sûr, à ce moment-là, je n’avais pas du tout identifié cela. J’étais un enfant. J’avais juste éprouvé une sensation d’écœurement qui faisait du bien. J’ai ressenti du trouble et de la confusion. J’ai terminé d’écraser la mouche entre mes doigts. Il n’en est resté que de la pulpe. Le trouble s’est prolongé, et puis dissipé, mais il a marqué mon esprit. J’ai quitté mon carton. Toute la journée, et toute la nuit, j’ai repensé à ça. Pour moi, à l’époque, ça ressemblait à un secret. Quelque chose connu de moi seul, que j’avais trouvé par hasard ; quelque chose d’important. C’est ce jour-là, je crois, que ma vie a complètement changé. Toute la suite s’est déterminée dans cet instant où j’ai tout compris sans rien pouvoir formuler.

sqaw lee

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la nuit noire « Réponse #1 le: mars 10, 2008, 13:07:33 pm »
très inquiétant...la suite ? :hummm:

(ça m'a fait rire...de toute les couleurs)

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djimboulélé

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la nuit noire « Réponse #2 le: mars 10, 2008, 15:57:11 pm »
j' espère seulement que ç'est pas trop trop trop autobiographique.

cloporte atomisé

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la nuit noire « Réponse #3 le: mars 10, 2008, 16:31:37 pm »
Très impressionant.... Du "joli" travail...  smiley14
Ø##Ø##Ø##Ø!!Ø
- Un enfant ne conprendrait pas cela...
- Un indien non plus...
- Un indien dirait que c'est un rêve.

sqaw lee

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la nuit noire « Réponse #4 le: mars 10, 2008, 16:47:22 pm »
Citation de: "djemija"
j' espère seulement que ç'est pas trop trop trop autobiographique.

c'est la première chose que j'me suis dite aussi smiley6

mais p-e mieux vaut-il ne pas le savoir...

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konsstrukt

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la nuit noire « Réponse #5 le: mars 17, 2008, 08:12:02 am »

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***
 

4 : 30

 

Le premier mort dont je me souvienne, c’est mon grand-père. J’avais cinq ans. C’était deux ans avant le suicide de mon père. Mes grands-parents habitaient une grande villa. Je n’avais pas le droit de jouer dans le jardin. Je restais à la cuisine avec ma mère et ma grand-mère ; mon père et mon grand-père discutaient au salon et buvaient du ricard.

A midi et demi, nous sommes passés à table. Il manquait mon grand-père. Ma grand-mère l’a appelé, et il n’a pas répondu. Elle a laissé passé une minute. J’étais face à la télé. Il y avait La maison de TF1. C’était présenté par Evelyne Dhéliat. La détonation a éclaté à la fin de la séquence bricolage. Tout le monde a sursauté. Ma grand-mère s’est levée d’un coup en disant, à voix haute : « le fusil ! », et s’est précipitée vers l’escalier. Mon père l’a suivie. Ma mère a pali et n’a pas bougé. Je n’ai d’abord pas bougé non plus, et puis quand j’ai entendu ma grand-mère hurler, j’ai couru voir ce qui se passait là-haut. Ma mère ne réagissait toujours pas. Plus tard, elle m’a raconté qu’en fait elle s’était évanouie, mais je me souviens d’elle assise à table. Pale, immobile, et le regard fixe.

Là-haut, mon père ne m’a rien laissé voir. La porte qui donnait sur le bureau de mon grand-père était déjà fermée. J’entendais ma grand-mère sangloter à l’intérieur, et faire des bruits bizarres avec sa bouche. Mon père paraissait bouleversé, mais il ne pleurait pas. Il m’a forcé à redescendre. Il a dit à ma mère d’appeler la gendarmerie, et il m’a conduit dehors. Nous nous sommes assis. Il m’a expliqué que mon grand-père était mort, que je ne devais pas voir ça, et que je passerai le reste du samedi chez les voisins. Des années plus tard, j’apprendrai qu’il s’était tiré une balle de fusil de chasse, en plein visage, qui l’a tué sur le coup, et qu’il n’a laissé aucune lettre d’explication.

 

5 : 29

 

Mon père s’est suicidé deux ans après, le vendredi treize juin mille neuf cent quatre-vingt, pendant que ma mère faisait les courses. Il était dix-sept heures trente, et je regardais Récré A2. Un épisode de Candy venait de commencer. Mon père avait la grippe. Il ne s’était pas rendu à son travail. C’est lui qui était venu me chercher à l’école. Après les devoirs, j’ai regardé la télé. Lui, il s’est enfermé dans la chambre. Un peu après le début de Candy, j’ai entendu un bruit provenir de la chambre, que je n’ai pas reconnu. J’ai appelé pour savoir si tout allait bien, sans réponse. J’ai appelé encore, et il y a eu un son étouffé, comme un gargouillement. J’ai été voir. Mon père s’était pendu dans la chambre. Il avait passé une corde autour d’une des poutres qui traversaient la pièce, et le bruit que j’avais entendu sans l’identifier était celui de la chaise qu’il avait renversée en se jetant dans le vide. Il m’a regardé. Ses pieds bougeaient de façon désordonnée au-dessus du sol. Avec ses mains, il tentait de desserrer la corde qui lui broyait le cou. Ses yeux étaient exorbités. Il ouvrait et refermait la bouche et un son mouillé en sortait ; il essayait de me dire quelque chose, ou alors simplement de respirer. Je n’ai rien fait. Je l’ai observé se débattre et mourir. L’agonie s’est achevée pendant le générique de fin de Candy. Je suis sorti, j’ai refermé la porte et je suis retourné devant la télé. Récré A2 était terminé. Je me suis levé pour changer de chaîne ; il y avait Un, rue Sésame qui commençait sur TF1. Un moment après, ma mère est rentrée. Elle paraissait joyeuse. Elle m’a demandé où était mon père, j’ai répondu que je croyais qu’il était dans la chambre. Elle est entrée, et elle a poussé un hurlement. Mon père non plus n’avait laissé aucune lettre d’explication. Longtemps après, je me suis demandé si le suicide était héréditaire.

 

6 : 28

 

Nous avons déménagé. Il a fallu que ma mère trouve du travail. Il a fallu que je change d’école. A partir de l’année suivante, nous avons habité à la campagne. Il n’y avait plus que nous. C’était comme si le reste de la famille, des deux côtés, n’existait plus. La maison était à l’écart de tout. C’était une vieille baraque à deux étages, trop grande pour nous, isolée. Il fallait marcher deux kilomètres pour aller à l’école. Ca n’était pas sur le trajet du bus, et le travail de ma mère ne lui permettait pas de m’accompagner à l’école, ni de venir m’y chercher. J’ai découvert que j’aimais marcher, et que j’appréciais la solitude. Pour aller jusqu’à l’école, je suivais un petit chemin sur une centaine de mètres, à travers la forêt, puis une route départementale, que je longeais pendant deux kilomètres, jusqu’au village. Il fallait encore traverser une partie du village, jusqu’au centre. C’était une petite école, il n’y avait pas beaucoup d’élèves.

J’aimais ce trajet. Les arbres. La forêt, j’aimais bien ça. Je ressentais sa puissance. Quand il faisait trop froid, ou trop chaud, ou qu’il pleuvait ou qu’il y avait du vent, c’était encore mieux. J’avais envie de me perdre là-dedans, et de ne jamais en sortir. De rencontrer les loups. Qu’ils me traquent. Me tuent. Qu’ils me jugent faible, ou alors qu’ils m’adoptent.

A l’école, je m’ennuyais. Je ne parlais pas aux autres, et je ne parlais pas à ma maîtresse. Les adultes étaient au courant pour le suicide de mon père, alors ils me foutaient la paix. Aux récréations, je restais dans la classe, à dessiner. Je n’aimais pas l’école, tout me paraissait faux. Tout avait l’air hypocrite, mauvais. Je me souviens des lettres en couleurs punaisées sur les murs, pour apprendre à lire. Des lettres qui prenaient la forme d’animaux rigolos. Mais elles cachaient un mensonge. Je le percevais. Et cette perception était le négatif de ce que j’avais éprouvé en écrasant la mouche entre mes doigts.

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la nuit noire « Réponse #6 le: mars 17, 2008, 09:21:38 am »
en voila de la gaieté pour bien commencer la semaine  smiley5

Alain Deschodt

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un lapin qui avait un fusil « Réponse #7 le: mars 18, 2008, 00:54:19 am »
je partage l'avis de Jonathan Mistoufle, continue !  smiley4
En France, les chômeurs exploitent les patrons

sqaw lee

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la nuit noire « Réponse #8 le: mars 18, 2008, 19:25:40 pm »
toujours aussi chargé..
j'aime vraiment bien comme c'est écrit.

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la nuit noire « Réponse #9 le: mars 19, 2008, 11:18:52 am »
c'est fort
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la nuit noire « Réponse #10 le: mars 24, 2008, 09:44:22 am »


(jean-marc renault - http://www.jmr02.blogspot.com)

***

7 : 27

C’est à cette époque-là que ma mère a commencé à dérailler. A avoir le sommeil agité. A prendre des médicaments. Somnifères, antidépresseurs. Tranquillisants. A fumer beaucoup plus de tabac. A se mettre au cannabis. Tout ça progressivement, au cours de la première année. Je ne la voyais pas beaucoup. Elle se levait après que j'étais parti pour l’école, et rentrait de son travail une heure après moi. Elle s’endormait souvent à table ou sur le canapé, devant la télé.
On mangeait des pâtes, des conserves réchauffées au micro-onde, des soupes en sachet. Souvent, c’est moi qui m’occupais de la cuisine. Elle mettait la table. Elle faisait chauffer de l’eau ou elle ouvrait une boite. Elle se mettait à table, et elle avalait ses cachets sans y penser. Elle enchaînait joints et cigarettes. Elle piquait du nez devant le journal télévisé. La plupart du temps, je la laissais dormir. Je mangeais seul. Ou alors, je ne mangeais pas, moi non plus. J’écoutais sa respiration troublée. Je n’en pouvais plus de la voir comme ça. Et il y avait aussi les bains.
Une heure ou deux après avoir piqué du nez, alors que je me préparais à aller au lit, elle ouvrait les yeux. Elle rallumait la télé que j’avais éteinte, elle marmonnait des phrases que je ne comprenais pas, et elle allait au réfrigérateur prendre deux ou trois yaourts, qu’elle mangeait debout, dans la cuisine, avant de revenir rouler des cigarettes et des joints. Elle me souhaitait bonne nuit. Elle ne m’accompagnait pas au lit. Elle me disait qu’elle m’aimait, mais son regard était absent.
Je continuais à m’intéresser à mes odeurs, mais j’avais abandonné mon carton. Je pleurais beaucoup. Je n’arrivais pas à encaisser cette situation. Je voyais ma mère devenir folle, et la seule chose qui la réconfortait ne me paraissait pas bien. Je m’enfouissais sous les couvertures, pour ne pas l’entendre parler à mon père mort, et je remplissais ma conscience des odeurs de mon corps. Je ne pensais plus.

8 : 26

On prenait des bains ensemble pour passer plus de temps tous les deux. Ma mère était trop fatiguée pour jouer avec moi, alors elle a décidé que le bain serait un moment à nous. Au début, ça me gênait un peu d’être nu devant elle, mais la gêne est passée. Elle me disait que ça lui faisait du bien, que sa vie était horrible, que ça l’aidait à tenir. Moi, je pensais à mon père.
Elle me racontait comment c’était difficile de me laver quand j’étais bébé et que je remuais dans tous les sens. Elle me disait à quel point c’était agréable de me donner le sein. Un soir, j’ai joué au bébé. Je l’ai éclaboussée et elle s’est mise à rire. On a pris l’habitude de ce jeu. Un autre soir, elle a prolongé le jeu et elle m’a donné le sein. J’ai retiré ma bouche, surpris, mais elle m’a maintenu contre elle. Elle m’a murmuré de continuer, que ça lui ferait du bien, beaucoup de bien. Alors, je l’ai tétée. J’ai trouvé ça agréable. Et je me sentais très mal à l’aise, aussi. Elle respirait fort. Elle m’a expliqué, d’une voix coupée de soupirs, que quand j’étais bébé elle prenait beaucoup de plaisir à m’allaiter, un plaisir incroyable, et qu’elle était tellement, tellement heureuse que ce plaisir revienne. Elle avait la tête renversée en arrière, elle gémissait, et de ses deux mains elle me guidait d’un téton à l’autre. Elle se tortillait. Après avoir hésité un peu, elle a relâché son étreinte. D’une main elle m’a caressé la nuque et le dos ; elle a plongé son autre main sous l’eau, entre ses cuisses. Elle a gémi plus fort, jusqu’à un paroxysme qu’à l’époque je n’ai pas compris, et puis elle m’a repoussé, et de nouveau attiré contre elle, pour un câlin plus doux.
Je me sentais à la fois bien et mal, content et frustré. Mon sexe était dur, mais nous faisions semblant de ne pas nous en apercevoir.

9 : 25

Elle m’a très vite appris à lui lécher le sexe. Entre sept et quatorze ans, notre sexualité a été de plus en plus approfondie. Moi, je ressentais le même mélange incohérent d’émotions et de sensations. La première fois qu’elle a osé me branler, le malaise qu’elle éprouvait s’est mélangé au mien. Cette fois-là seulement, j’ai éprouvé un plaisir sans contrepartie. Un véritable orgasme. Ensuite, ma mère a évacué sa honte. Et moi, même si elle me faisait jouir en me masturbant ou en me suçant, je restais partagé entre la gêne, l’écœurement et le plaisir. J’avais tout à la fois envie de recommencer, pour retrouver le bien-être intense de cette première fois, et honte d’avoir de telles pensées, et envie que tout cela cesse, et je ne trouvais pas le courage de le dire à ma mère, et je me sentais par-dessus tout coupable de vouloir briser la seule chose qui lui apportait du bonheur. Tout ça se mélangeait et créait une grande confusion dans mon esprit.
Pour mes neuf ans, elle m’a offert un gode-ceinture, afin que je puisse lui faire l’amour comme un grand (disait-elle). Les bains, désormais, étaient de simples préliminaires, et nous terminions au lit. Je la baisais avec mon gode-ceinture. Le plus souvent, j’étais allongé sur elle. Ses cris de jouissance me faisaient peur au début, et me donnaient envie de pleurer, et puis je m’y suis habitué. Après qu’elle ait pris son plaisir, elle me donnait le mien en me suçant. Nous faisions aussi des soixante-neuf. Nous avions des relations sexuelles pratiquement tous les jours. Lorsque j’ai eu douze ans, il n’a plus été nécessaire d’utiliser le gode-ceinture. Je parvenais à la pénétrer sans difficulté. Je la faisais jouir. Une partie de moi adorait ça. Mes sentiments, mes émotions et mes sensations physiques s’intensifiaient, chacun dans sa direction opposée aux autres. J’étais tiraillé de honte et de dégoût, mais ma libido demeurait insatiable. Souvent, c’est moi qui allais provoquer ma mère. Les autres filles ne m’excitaient pas.

sqaw lee

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la nuit noire « Réponse #11 le: mars 25, 2008, 11:54:24 am »
c'est tjs très intense à lire...
sordide et dérangeant à souhait... smiley6

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la nuit noire « Réponse #12 le: mars 25, 2008, 16:02:57 pm »
:horror:
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djimboulélé

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la nuit noire « Réponse #13 le: mars 25, 2008, 20:44:14 pm »
c'est clair, ça me fait penser " à trois fille de leur mère" de Pierre Louys. (Rien à voir dans le concept, mais  j'crois que c'est la seule histoire que j'ai lu où les enfants ont des rapports avec leur mère)

Alain Deschodt

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l'annonce présidentielle est accueillie avec prudence « Réponse #14 le: mars 25, 2008, 22:03:23 pm »
moi qui croyais que tu ne lisais que Maison Ikkoku... :horror:
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