Bon allez, je me lance…
Quand on tire les cartes, quand on observe le vol des oiseaux ou les entrailles d’une poule, quand on lit dans le marc, quand on jette des dés ou des pièces, quand on manipule les tiges d’achile du yi king, on obtient une combinaison, une figure, une série, you name it, et ces ‘signes’ sont le reflet d’un instant T, d’une conjoncture personnelle quel que soit le système de référence (les planètes, la constellation du radis, on s’en fout). C’est ça qui sera interprété.
C’est à mon sens de ce principe qu’il faut partir pour comprendre les arts divinatoires, je dis bien ‘comprendre’ pour ne pas débattre sur le fait de j’y crois ou pas (c’est pas ça l’important ici). Ca voudrait donc dire que pour comprendre les systèmes de mancies, il faut se déconnecter de l’approche statistique. Un tirage n’y est pas le fruit du hasard. Si j’obtiens tel hexagramme, c’est ‘significatif’.
Transposé au jeu, ça n’explique en rien que rationnellement telle ou telle carte puisse sortir particulièrement en une partie, ça ouvre simplement sur des perspectives autres que les stats.
A mon sens c’est un peu le même genre de notion à percevoir pour capter le concept de synchronicité. Un événement déconnecté causalement d’un autre a une réelle signification pour un individu. Exemple : j’apprends la mort d’un proche et un corbeau noir se pose à ma fenêtre. Je me fais larguer par ma nana et l’orage éclate. Je jouis et un feu d’artifice se fait entendre,… ya aucun rapport de cause à effet pourtant cela peut avoir un fort impact psychologique qui laisse la sensation intime de lien. Il y a synchronicité de deux événements et une résonance entre ceux-ci. Si ça vous intéresse ya plein de bouquins là-dessus, la meilleure approche restant à mon avis la jungienne pour pas se retrouver noyé dans un flot de littérature newage à trois sous.
Je vous livre en pature une expérience perso assez significative :
Au cours d’une extrême défonce du temps jadis, j’ai éprouvé le besoin vital d’aller marcher pour pas me laisser emporter dans un délire de possession. Donc me voilà déambulant en pleine ville par une chaude journée d’été, complètement pété. Pas un chat dehors heureusement. Trop chaud. J’entamme un tour du paté d’immeubles et ressens le besoin de me poser un instant. J’aperçois à l’angle d’une rue sous un arbre un banc public que j’avais jamais remarqué, et pour cause, il est complètement englouti de verdure et de lierre. Je m’y pose et toujours sous l’emprise psycho, je me paye une solide régression. Me voilà môme, j’ai des sensations d’enfants, pas des souvenirs mais l’impression que je suis dans la peau d’un enfant en bas âge. Bref, j’arrive à émerger de cet état, je décolle de là et je rentre chez moi, je mets bien une journée à redescendre.
Quelques jours plus tard je me ballade et j’arrive près du banc, et là, bang bang, j’en suis flingué d’étonnemment. Le site a été débroussaillé et le banc est à neuf mais déjà taggué. Il y est écrit à la peinture blanche en grandes lettres : memoire.
Ca nous éloigne du poker tout ça…