bonjour, je me permets d'interrompre de flim parce qu'il me semble qu'on se fout un peu de notre gueule.
je vais la jouer thérorisme-70's et numéroter mes paragraphes comme s'il s'agissait de sourates.
oki
1. faut quand même avoir pourri pas mal d'années en classe de musicologie pour penser qu'en invoquant des références scolairement très valorisantes (Xenakis, Zorn, Patton et la kyrielle de vieux messieurs qui figurent pour leur malheur sur tous les myspace de bidouilleurs allés jusqu'au DEUG) on aurait une chance de recueillir une meilleure note auprès de pauvres auditeurs désoeuvrés. c'est d'autant plus facile que personne ne semble en mesure de te tenir tête sur le terrain de l'érudition musicale (et c'est un peu pourquoi j'interviens, j'ai hâte de faire vaciller quelques certitudes estudiantines).
J'ai hâte aussi.
2. je crois connaître un peu Berg, et avoue ne voir aucun rapport, direct ou indirect, entre Lulu ou Moïse et Aaron et ta musique. dois-je comprendre que tu assumes l'influence du dodécaphonisme et de la musique sérielle en continuant à donner dans le tonal ? qu'est-ce que tu crois leur empruntes, au juste, aux Hauer et Golyscheff ?
Berg... mouais... je le connais moins bien que son maître ou que Webern, qui est plus radical et plus pur. La problématique du sérialisme intégral a été exploitée et retournée dans tous les sens, de plus sa composition peut se faire totalement automatiquement, ce n'est qu'un algorithme totalement formel. Je me situe plus dans la lignée d'un Cage qui consiste juste à introduire le vivant, je m'impose des règles mais aucune n'est absolue, de plus, mon ambition a toujours été de mélanger des règles de musique populaires et de les parodier, je reste traditionnellement ancré dans le breakbeat mais avec les ambiences propres à la musique sérielle, sans pour autant en respecter scrupuleusement les règles. Je me place dans la logique des années 2000 : synthétisme et auto-organisation à partir de règles simples itérées et non immuables.
3. enfin, pour "la musique n'est que calcul", tu devrais peut-être réserver l'exclusive aux mathématiques, et accepter qu'une musique aux fondations éminemment savantes puisse être un véhicule de transe et même pourquoi pas de déchainement en pampers. là-dessus, peut-être se plonger, un peu, dans les musiques populaires (tu cites Bartok, si c'est ton seul accès aux musiques "populaires", ça me parait un brin faussé) et notamment celles de l'Inde du Nord.
Quand je suis spectateur de musique, je me concentre sur la musique, il peut être plaisant d'avoir un vj qui clignote ou un arabe en pampers qui bondit sur scène, mais pour moi, ça reste de l'ordre de l'extra-musical, sauf s'il s'avère que la vidéo ou la chorégraphie prend soin à se synchroniser sur la musique, on parlera alors d'un message extra-musical intelligent, mais en aucun cas cela ne rentre dans la sphère musicale, même si les outils analytiques sont identiques. La cérémonie musical et le culte de la personne ne m'intéresse pas, et encore moins quand il s'agit d'un type sorti de nul part ; on ne peut que juste compatir à sa façon de se trémousser pour tenter de s'extirper de son triste quotidien.
J'aime Bartok pour son travail sur la polyrythmie, son travail sur son folklore local est impressionnant, certes, mais bon, ce n'est même pas ça le plus transcendant chez lui.
merci de votre attention et toutes mes confuses pour le dérangement.
Pas de problème, c'était plus intéressant que Melodramatik Pinpon qui arrive même pas à défendre son "art".