J'ai pas encore écouté le morceau (je préfère ne pas angliciser mon propos en utilisant le terme "track" : marre de l'emprise linguistique anglo-saxonne !). Mais je trouve que la critique sempiternelle du fait de n'utiliser que des sons d'usine, en particulier au niveau des percussions, est un gros cliché ou du moins repose sur des préjugés. Sous prétexte qu'on fait de l'electro, on devrait "torturer" les sons et ce serait là la seule manière d'expérimenter ou d'être original. Mais cette conception revient à réduire la musique à la seule dimension du son, du timbre, ce qui est un tropisme technoïde mais n'a aucune pertinence musicologique, ou du moins pas plus de pertinence pour définir l'originalité que n'importe quel aurtre critère. C'est navrant de devoir le rappeler, mais les dimensions d'analyse de la musique, au plan formel, c'est : harmonie + rythmes + mélodie + timbre, et pas que le timbre ! On peut faire des choses intéressante si on construit de manière originale un morceau composé de sons d'usine, même si ce n'est pas une garantie d'originalité en soi. En fait, je trouve un peu désolant le fait que la dimension "expérimentale" ne soit finalement perçue qu'au niveau du timbre alors qu'elle est présente à des niveaux bien plus divers, et d'ailleurs pas seulement au plan musicologique (y'a aussi le niveau des dispositifs). C'est sous l'influence de la techno qu'on en arrive à de tels réductionnismes qui, si on les suivait à la lettre, devraient nous faire rejeter la totalité de la musique classique, contemporaine, le jazz et le rock sous prétexte qu'ils n'innovent pas forcément au niveau des timbres. Tiens, ça me donne des envies d'hyperclassicisme, pour trancher avec toutes ces musiques soi disant "originales" que produit l'electro et qui en fait sont devenues elles-même un classicisme, presque un maniérisme.
+A+