Allez, j'ose, je me lance, c'est djemija (orthographe peu sûre) qui m'a fait penser à un truc.
La nuit, mes nerfs optiques se jouent de moi et mon cerveau en profite. Les feuilles mortes deviennent des troupeaux de rats ; les poubelles, des vénusiens en vacances dans la région ; et les poteaux éléctriques, des phasmes géants mangeurs d'hommes.
Alors, cette nuit, ce corps là aurait-il pu être une couverture vaguement jetée sur le trottoir glacial ? Non, il y avait quelqu'un...
Quelqu'un est tombé, seul, il a mal, il souffre, et même... Peut ètre est-il mort ?
Le numéro, le numéro des secours, lequel est-ce, quel numéro faut-il composer dans ce fichu pays ? Une maison, il faut que je trouve une maison pour appeler, on pourra me dire quel est le numéro...
Mais pas de maison... Juste des rats, des vénusiens et des phasmes. A la douane, il y aura forcément des douaniers, eux ils vont m'aider, ils vont le sauver.
Mais non, c'est la nuit, il n'y a pas âme qui vive sur cette fichue frontière. et lui là bas, froid et mort... Mort... Overdose ? Coma éthylique ? Mauvaise chute ? Crise cardiaque ?
Mais c'était peut ètre une couverture...
Pas le temps de me poser la question, je viens d'éviter le bec impressionnant d'un condor gigantesque à l'oeil torve. Mais non, juste une branche dans l'ombre de la lune.
Je ne l'ai pas sauvé ! J'ai laissé un homme mort sur le trottoir... J'aurais dû m'arrèter, faire demi-tour, je suis une lâche ! Je suis une moins que rien... Le grand condor aurait mieux fait de m'achever.
Mais c'était peut être une couverture ?
Je suis seule. lui aussi il était seul, mort, froid, je gèle, mon coeur se gonfle de cristaux tranchants. Je suis un monstre.
La nuit, des chiens viennent visiter mes rêves, ils se jettent sur moi et m'arrachent des lambeaux de peau. Non, finalement c'est juste mon mari qui essaye de me tuer avec une paire de ciseaux sans que je puisse riposter puisque j'ai quatre vingts ans et que je suis dans un fauteuil roulant.
Mais non, c'était juste un autre cauchemar, un cauchemar dans un cauchemar.
Au réveil, le cauchemar recommence : j'ai tué un homme.
Mais c'était peut ètre une couverture ?
La route de nouveau. Cependant, les rats sont écrasés dans le caniveau, les vénusiens sont rentrés chez eux et le phasme dort immobile et tranquille.
C'est là. Il était là. Mais non, il y a juste une vieille couverture...
Mais peut ètre qu'il y avait un homme ?