[...] la drogue est un réel problème sociale.
Depuis la préhistoire, l'utilisation de substances psychotropes est une réalité établie du comportement humain. Outre l'alcool (vin), les grecs de l'antiquité utilisaient le chanvre et les champignos hallucinogènes. Dans toutes les formes de vie dites "primitives" (tribales, en particulier), l'utilisation de psychotropes a été constatée. La "drogue" (mot valise trop large pour avoir un sens précis) n'est en rien l'apanage de la modernité ni des mouvements contre-culturels du XXème siècle et du XXIème débutant (jazz, pop, rock, punk, techno, etc., mais aussi poésie beat ou peintures sous mescaline d'henry Michaux).
C'est de cette réalité qu'il faut partir avant de raisonner "moralement" ou "sanitairement" sur leS drogueS, leurs spécificités chimiques, et leurs usages sociaux dans des contextes historiques situés.
Je ne fais pas l'apologie d'une "normalité" inoffensive des drogues, mais il faut tout de même dépasser la simple stigmatisation des "drogués", de même que la polarisation sur le thème du "c'est tout social" ou à l'inverse sur celui du "c'est la responsabilité individuelle qui compte". Evidemment, ces deux pôles sont mélangés dans le fonctionnement social, et les opposer comme des arguments inconciliables n'a pas d'intérêt théorique ni pratique. En plus, ils sont mêlés en contexte, ce qui complexifie l'affaire : tu peux prendre un drogue par plaisir et ça se passera bien dans certains contextes, y compris sur le long terme, mais dans d'autres ça sera catastrophique et pourra conduire à la mort. Les caractéristiques chimiques des produits n'expliquent pas tout, en tout cas pas tous les processus mis en jeu dans l'usage des drogues sur le long terme, dans une "carrière" de drogué, comme on dit. L'addiction, quand elle existe, tout comme l'usage régulé et sans grand danger pour la santé (qui existe aussi), s'inscriventdans des contextes individuels ET sociaux, inextricablement mélangés.
Bref, je veux dire que les réflexions à la va-vite dans ce domaine sont à proscrire. A moins que la seule justification des condamnations radicales de "la" drogue ne soit que morale ? Mais alors il conviendrait d'exposer les motifs moraux et les valeurs sur lesquelles ces condamnations se fondent.
Bon courage...
+A+