GRINDHOUSE: Le Boulevard de la mort de Quentin Tarantino
Tarantino nous balance donc en pleine tronche le premier segment de son projet commun avec Rodriguez, nommé Grindhouse.
Bide aux USA (30 millions de $ le premier week-end), Grindhouse se présentait à l'image de la populaire formule des drive-in des 60's: deux films d'une heure, entrecoupés de bandes annonces réalisées par Rob Zombie, Eli Roth et Edgar Wright...ça fait rêver! Seulement pour le rendre plus accessible au reste du monde, les films seront diffusés séparement, avec 1h de rab...et sans bandes-annonces!! Ca rappelle un peu Kill Bill, qui à la base devait durer 4h. C'est donc déjà un peu refroidi qu'on va voir Death Proof, "Boulevard de la mort" en VF, hommage aux films d'exploitation qui ont bercé l'enfance de Tarantino. Ici ce sera un "revenge-movie" plein de bagnoles, de jolies filles, cool et funky, bref yeah baby!
Le scénario est squelletique: des jolies filles discutent, et tombent sur Stuntman Mike (Kurt Russel, LA vraie raison d'aller voir ce film) et sa bagnole de cascadeur (forcèment), qui traque les jolies pépées pour finir par leur exploser le châssis (désolé). Dans la deuxième partie, attention: des jolies filles discutent, puis rencontrent...Stuntman Mike.
Pour recréer l'ambiance de ces films à la prétention purement fun, le réalisateur multiplie les clins d'oeil: pellicule pouilleuse, faux raccords, intrusion intempestive du N et B... s'ils sont sympathiques, je trouve pas ces effets indispensables, et un peu trop appuyés: on a l'impression d'avoir Tarantino à côté de soi qui vous met un grand coup de coude en faisant "Hey!!!". Second souci: le film a été rallongé d'une heure. une heure de quoi? De dialogues of course! Beaucoup de dialogues... trop parfois, cela se sent, et si les répliques fameuses du réalisateur de Pulp fiction sont souvent savoureuses (et truffées de références), elles sont parfois lassantes... peut être qu'on s'y est habitués finalement.
Je vous rassure, tout le reste quasiment est génial, si tant est qu'on apprécie le genre bien sûr et qu'on ne soit pas venu pour méditer sur la dichotomie du bien et du mal. Le look, les voitures, les décors, la musique... on s'y croirait (à part les échanges de SMS, bouh!). Vous aurez compris, c'est super COOL, yeeeeha baby!
C'est un film complétement visuel, ça percute, rien n'est suggéré. Et visuellement, c'est très réussi: les scènes de voitures sont simplement parfaites, shootées à l'adrénaline, les crashs et les poursuites sont d'une intensité à pleurer de joie... les vrombissements des V8 et le style agressif des Dodge Charger ou Challenger, c'est autre chose que les Majorette en plastique de Fast and Furious! Ajoutez à cela une BO qui s'écoute sans fin... et des actrices qui finissent de nous achever: mini-shorts et uniformes de pom pom girls au menu!
Deathproof est une vraie curiosité au milieu du défilement soporifique des sorties, un vrai projet assumé, une bouffée d'air frais! On peut malheureusement douter d'un Grindhouse 2, à moins que les sorties mondiales ne rattrapent le plantage aux USA... aberrant, quand on sait que Death Proof est un pur hommage, dans son fond comme dans sa forme, à la culture populaire américaine!
Point positif de cet "échec" (on attend "Planet terror", le film d'horreur giallo de Rodriguez): cela fera peut être un peu retomber le buzz hype autour du réalisateur, devenu chouchou des babouins (et du jury de Cannes) qui voulaient s'encanailler. Avec Grindhouse et son Death Proof, QT redevient Tarantino.
Enjoy:
http://20six.fr/egout.mental