chuis en train de lire "
Soleil chaud poisson des profondeurs" de
Michel Jeury, de la SF française des années 70.
c'est vraiment bien écrit, et le charmé un peu suranné de l'ensemble (la SF ça peut vieillir très vite...) n'entame pas la pertinence du propos. apparemment c'est le 3ème tome d'une trilogie (après "le temps incertain" et les "les singes du temps"), mais j'ai pas eu de problème pour le lire indépendamment.
je vous mets le premier paragraphe, ça donne le ton et c'est beau.
Les psychiatres de l'hôpital Garishankar ont, les premiers, défini le syndrome de Hood - soleil chaud- et le syndrome de Brodi - poisson des profondeurs - comme deux aspects équivalents d'une fuite schizophrénique à répercussion somatique totale... L'homme est terrorisé par le froid absolu de la civilisation des hypersystèmes, alors il rêve qu'il est très loin de là, quelque part sous un soleil chaud. Et il se met à brunir. Telle est la maladie bronzée de Hood.
Mais peut être le Hood et le Boldi ressemblent-ils aussi à l'effort du premier animal qui est sorti de l'eau pour se traîner sur le rivage. Peut être, par cette réaction, l'organisme humain essaie-t-il - d'une façon qui parait absurde et ridicule - de s'adapter au vide et au froid d'un monde inhumain. Peut être essaie-t-il de remplacer le soleil par autre chose - en lui-même. Quant au "poisson des profondeurs", on peut penser qu'il tente de transformer son corps en une sorte de scaphandre invulnérable, de s'enkyster pour devenir un animal du vide et du froid. C'est stupide - mais c'est grandiose. Comme une huitre qui voudrait marcher.