Auteur Sujet: mon prochain roman au camion noir !  (Lu 28348 fois)

gorellaume

  • Dagon Morvus
  • *
  • Messages: 2854
Re : mon prochain roman au camion noir ! « Réponse #45 le: juillet 01, 2014, 19:23:38 pm »
y'a Ben qui te cite dans sa newsletter, il dit que c'est mieux de lire du konstruKt que du Houelbecque (orthographes approximatives, je ne suis pas vraiment tout ce qui est litterature :)

konsstrukt

  • Vicomte des Abysses
  • *
  • Messages: 476
Re : mon prochain roman au camion noir ! « Réponse #46 le: juillet 02, 2014, 14:35:06 pm »
TROIS AVIS DE LECTEURS, QUI ONT LU ET APPRECIE LA PLACE DU MORT :



Je crois que lire d'une traite La place du mort m'a légèrement perturbée.



***



Je viens de finir La place du mort et c'est vraiment un regal, je suis vraiment passé de surprise en surprise. Des Tueurs-Nés sans media
Des Punks qui s'amusent et qui vibrent de leurs destructions
Une destruction qui appelle à un renouveau
Des superbes images (yeux fermés au bord de la route, s'allonger sur des rails) qui remuent et émeuvent
J'ai pas vraiment les mots, mais ca fait plaisir de sentir que des NOT DEAD talentueux existent encore.



***



Je viens de terminer "La place du mort". Quelques mots sur ma réception...

C'est un fabuleux bouquin, peut-être le meilleur que j'ai pu lire de toi à ce jour. J'y vois en tout cas une sorte de complément direct à "Holocauste" qui m'avait déjà pas mal impressionné à l'époque. La densité narrative y atteint une puissance inouïe, comme un moteur dont on appuierait en permanence sur l'accélérateur. Les derniers chapitres en dégagent une sorte d'énergie en roue libre, incontrôlable. C'est un peu le genre de récit qu'un lecteur normal est obligé d'interrompre de temps à autre, juste histoire de reprendre son souffle. C'est très, mais alors très puissant...

D'une manière générale, la narration au présent et à la première personne est d'une maîtrise absolue. Chaque phrase est comme une respiration. Les scènes pornographiques semblent littéralement haleter, gémir, transpirer jusque dans le rythme, le style. C'est ultra physique. L'influence de Bret E. Elis est très présente (obsession du détail, de ce moment où la perception devient hallucinatoire...) mais est dépassée sur ce terrain-là. Elis, à mon avis, s'est depuis longtemps perdu dans sa propre imagerie glamour là où tu as plutôt opté pour l'exact opposé. En ce sens, tu proposes une oeuvre vraiment unique, à la fois dans le fond et dans la forme.

Contrairement à ce que prétend Ravalec, je ne trouve pas que tu te mettes "au service de la noirceur du monde". Au contraire, il y a dans tout le livre une soif de désir primal, un appétit primitif, insatiable qui habite tous les personnages en permanence. Ça me fait penser à la phrase de Dantec, qui disait : "Survivre, c'est le contraire de sous-vivre". Ce qui est nouveau, c'est qu'on y trouve une authentique histoire d'amour, avec sa part d'enfance, d'absolu, de futile et d’éphémère. Ce qui me touche le plus, c'est cette idée que l'amour n'est ni un "projet de vie", ni un capital, ni une possession, ni même une relation à autrui mais qu'il est juste une flamme sans raison ni but, au-delà même du sexe, de la vie où de la mort. L'amour est ce qui détruit tout. A ma manière, c'est aussi ce que j'essaie de transmettre dans mes textes. En tout cas, ça m'a profondément ému.

Le final au musée du Prado renvoie à l'apocalypse de ton roman précédent, avec l'idée que la fin du monde, c'est la fin de l'art. Dans le genre tabou brisé, ça fait très fort. Voilà une scène hautement satanique et blasphématoire en diable, qui profane le sacré de manière radicale. Là encore, ça me renvoie à une phrase de Nick Cave qui disait à propos du premier concert des Birthday Party : "Nous ne voulions pas choquer, nous voulions faire mal..."

Un truc sur la fin. Arrivé à l'épilogue, je me suis fait la réflexion qu'il y a toujours ce côté post-mortem qui habite tous les bouquins et les films qui ont vraiment compté pour moi. J'ai toujours pensé que le but de toute création est, symboliquement, de nous faire franchir le dernier cap, de nous donner une petite mort comme un avant-goût de la grande. "Enter the void" de Gaspar Noé est entièrement basé sur ce concept. De ce point de vue, ton dernier paragraphe est absolument magnifique.