Pour moi le rôle majeur des médias peut se diviser en deux parties complémentaires :
1/ Un rôle que que l'on pourrait qualifier de passif : relayer et diffuser l'information. Ce qui nécessite, dans l'absolu, des journalistes indépendants, impartiaux, soucieux de la vérité des faits, et capables d'analyser et de critiquer ces faits avec une grande probité intellectuelle, et donc de rester "axiologiquement neutre", c'est à dire de ne prendre aucun parti et se garder de tout jugement moral.
2/ Un rôle actif : instaurer un espace public pour organiser des débats sur les différents problèmes que soulèvent les informations relayées. Ce qui implique une confrontation de multiples points de vue afin de permettre aux citoyens (ce mot désuet risque de me faire passer pour un arriéré) de se forger une opinion, qui est censé par la suite se traduire en "actes citoyens".
Un citoyen bien informé ne fait que rarement les mauvais choix : si les médias américains avaient informé véritablement le peuple sur les causes et les motivations du gouvernement de la guerre en Irak, il aurait été peu probable qu'il l'accepte ...
Bref, c'est une conception personnelle, un peu idéaliste - peut-être -, mais on sera d'accord pour dire que les médias ne sont rien d'autres que des intermédiaires : des outils de communication qui permettent, dans une régime démocratique, de créer du lien entre le gouvernement et le peuple - mais pas seulement. Dés lors que ces médias perdent leur autonomie et leur indépendance au profit d'une oligarchie, qui de surcroit prend ses décisions en secret (Bilderberg, CFR, Trilatérale) il est légitime d'avancer l'hypothèse du complot.
Quand je parle d'oligarchie, je cible les élites mondialistes issues du monde occidentale, qui globalement s'accordent entre elles sur le fond d'un projet politique commun ; qu'elles ne soient pas aussi homogène qu'on voudrait le croire et qu'elles se heurtent à des puissances étrangères (Chine, Russie par exemple) complexifie davantage les rapports de forces et nous enjoint à relativiser la thèse du complot. Or, à cette époque du "spectaculaire intégré" et du secret généralisé, il me semble, pour paraphraser Marx, que les gouvernements ne prennent pas la nuit des décisions qu'ils veulent exécuter dans la journée mais décident le jour et exécutent la nuit.
Voici une des définitions du mot complot que j'ai pu trouver dans mon petit Robert : "manœuvres secrètes concertées".
Pour finir je citerai un passage des commentaires sur la société du spectacle de Guy Debord parus en 1988 :
"Tous les experts sont médiatiques-étatiques, et ne sont reconnus experts que par là. Tout expert sert son maître, car chacune des anciennes possibilités d'indépendance a été à peu près réduite à rien par les conditions d'organisation de la société présente. L'expert qui sert le mieux, c'est, bien sûr, l'expert qui ment."
ps : Todd peu audible dans les médias ? Taddei et Giesbert ont dû l'inviter à eux deux plus d'une douzaine de fois durant l'année 2010-201. Je vais pas m'étendre sur Todd mais je ne crois pas qu'il fasse partie des plus sérieux.