Je sais pas grand chose sur celles de Longwy mais celle de 82 à Vireux était loin d'être un pique-nique. La particularité c'est qu'elle se déroulait conjoitement aux manifs des antinucléaires. Certains disent que la CGT à bien niqué les manifestants dans l'histoire.
Au départ, il y avait une lutte antinucléaire. Parce qu’ils construisaient une nouvelle tranche de la centrale nucléaire. Tous les derniers samedis du mois, il y avait un rendez-vous, l’appel des antinucléaires du coin pour aller marcher sur la centrale. Vu qu’ils construisaient la centrale, ils en profitaient pour vider toutes les usines : c’était des phénomènes complètement liés, ils faisaient une zone complètement militarisée. Il y avait des missiles Pershing des deux côtés de la pointe de Givet (côté Belgique) : une zone complètement militaire. La pointe de Givet est le siège des commandos parachutistes. Ils voulaient faire de la région une zone pratiquement interdite, entièrement militarisée : donc ils viraient toutes les usines. Ils viraient aussi les usines dans le cadre d’une restructuration : il y avait plusieurs facteurs. Mais pour les ouvriers, c’était lié : donc, ils étaient dans les trucs antinucléaires. Un jour, on était parti sur une manif antinucléaire : les ouvriers ont bloqué la route et ont occupé l’usine. La lutte des sidérurgistes est alors devenue l’aspect principale avec l’occupation permanente de l’usine et l’affrontement permanent : de toute façon, ils démantelaient l’usine ! C’est exactement les mêmes conflits qu’il y a maintenant à Cellatex (Cellatex, d’ailleurs, c’est dans la pointe de Givet : ce n’est pas un hasard, c’est évidemment la mémoire de Vireux). Dans l’usine, il y avait deux ou trois groupes clandestins de sabotage dont un qui s’appelait « Vireux vivra ». Les mecs arrivaient avec des cagoules et le tee-shirt « Vireux vivra ». L’usine continuait à marcher au ralenti : on ne peut pas arrêter un haut-fourneau. On faisait les barricades avec des bulldozers ou avec les fenwicks (1): les barricades, c’était des lingots d’acier de deux tonnes empilés les uns sur les autres. C’était des barricades qui faisaient 500 tonnes : avec des bouteilles de gaz au milieu, des produits chimiques devant… C’était sérieux, quoi ! On arrivait pour la manif, les sidérurgistes posaient des palettes de cocktail Molotov (qu’ils avaient préparé la veille), des palettes de barres de fer, des palettes de masques à gaz… C’était tout le village ! Sur tout le village, il y avait peut-être trois personnes qui étaient considérées et identifiées comme traîtres. Quand les flics arrivaient, le maire coupait l’éclairage de la commune : tu courais dans la rue, tu rentrais chez n’importe qui, pas de problème : t’es poursuivi par les flics, tu poussais une porte, t’arrivais chez les gens et ils disaient : « Ah ! Tu veux manger ? Tu veux un petit coup à boire ? » La grand-mère sortait sur le pas de la porte pour voir si les flics étaient partis…
PS : Je viens d'envoyer le mail pour la commande via paypal.