Je suis un fervent amateur de musique electronique depuis mon adolescence. Si mes premiers rapports à ce style furent réactionnaires ("y'a pas d'instruments, c'est pas de la musique !"), j'ai rapidement compris que sa force de pénétration mentale en était d'autant plus puissante. Cela dit, dans le milieu, il existe quelques genres bien merdiques, bâtards et issus de modes vouées à l'échec dans leur essence même, qui pourtant n'en finissent pas d'agoniser et arrivent encore à se frayer une place vulgaire dans les boites d'aujourd'hui.
La drum & bass, c'est pas compliqué, tout est dans le nom : des boucles rythmiques, appellées des "breaks" car à l'origine issues de breaks de batteries samplés de morceaux instrumentaux, dans lequel on injecte des basses, souvent à bases d'ondes cisaillées pour insufler une certaines dynamique. Au final, on obtient des morceaux qui font vaguement remuer le popotin, gardant une certaine dynamique "rock" par le biais de mélodies entêtantes tout en restant assez funky grâce aux breaks, bien moins martiaux que les kicks binaires de la techno traditionnelle.
Au final, s'en résulte une espèce de pâte assez facile à enfourner dans les oreilles, qui aurait une saveur vaguement cyber-punkesque de par sa nature résolument électronique, les rythmiques ayant tendance à être généralement composées de toutes part à l'aide de samples one-shot ou mieux encore, directement de sons de synthétiseurs (les rythmiques purement échantillonnées auraient plus tendance à appartenir à jungle, genre cousin de la drum, bien que ça ne soit pas la seule choses qui les différencie). Bref, la drum est easy-listening tout en étant pumpy, et a souvent eu l'occasion de servir de warm-up aux soirées hardtechno.
Seulement voilà.
Ce style impose sa dictature de la médiocrité : sans parler, j'imagine, d'éventuelles exceptions (si toutefois elles existent), ce genre de musique brille par sa platitude : toujours le même tempo, pas progression si ce n'est de pâles envolées téléscopées (rythmique seule, petit break, et paf rythmique + basse ...), la drum and bass s'affirme par sa formidable propension à être chiante sur tout les plans, intègre en rien, consensuelle et sans saveur, généralement de très mauvais goût (merci les synths bourrés d'effets qui ressemblent généralement à des concertos de bourdonnements de mouches) on peut la considérer comme de la musique générique servant à meubler de façon simili-energique les soirées les plus dénuées d'intérêt.
Ayant cotoyé dans ma jeunesse quelques evenements de ce type, je pensais que la scène était morte et enterrée de puis le temps. Malheureusement, la sortie récente d'un documentaire sur nos dj français (les mêmes qu'à l'époque) m'a prouvé que la guimauve faisait encore tomber quelques piecettes. Mais aprécions plutôt le trailer
http://www.dailymotion.com/video/k2jNYwoUCdbLSQAZdTSentez vous vos petits trous de balles commencer à remuer sous les basses chamalow et autres subs tuning ? Effectivement, c'est vraiment facile de se laisser emporter par ces rythmes "un peu plus rapide que le battement du coeur" qui "speedent", mais seulement, si la montée est fulgurante, l'apparition de l'ennui l'est tout autant.
Pourquoi la culture continue de mâcher ce chewing sans goût
Chiante et monotone qu'elle est, cette musique peut pousser les gens à passer plus de temps au bar et donc, à consommer plus de boissons, ce qui au final est le principal intérêt des boites de nuit; on comprend donc l'engouement des gérants à continuer de booker des petits branleurs à casquette carrée (un look urbain modeste, tout comme la sacoche bandoulière, le futal carharrt ou encore le teeshirt à logo vectoriel) qui s'y croient parce qu'ils arrivent à caler deux snares (le point régulier d'une rythmique de drum).
Ce style a tourné en rond dès le premier instant, et continuera de le faire, car aujourd'hui la musique electronique n'a plus du tout de valeur marginale ni besoin de porter un message ou le symbole d'une expression; non, la drum prouve qu'on peut meubler l'espace sonore d'une manière parfaitement standardisée, sans être agressif, ni susciter la moindre émotion chez l'auditeur, à peine le sentiment d'energie déployée par les milliers de boeufs qui vont vous entourer lors d'une de ces soirées.
Voila pourquoi je pense que la drum peut encore exister, car les patrons de boîte n'ont que faire de toute cette caution culturelle ou artistique; il s'agit de brasser du fric et des neurones de manière douce et sans risques, et pour cela, la drum est bel et bien la meilleure qui soit.