4 novembre
La journée se passe
La soirée se passe
Rituel drone numéro 9, 30 minutes
Je dors
5 novembre
Fin de matinée sur le quai de la gare du Theil-de-Bretagne
Je suis assis sur un banc
Au pied du banc mes deux sacs
J'attends que le train arrive
De temps en temps je déambule sur le quai
Mes deux sacs restent au pied du banc
12h40
Le train arrive
Je reprends mes sacs
Le sac à dos sur le dos
Le sac de voyage sur l'épaule
Je pénètre dans le train
Je cherche une place libre
Je dépose le sac de voyage sur le siège côté couloir
Je dépose le sac à dos sur le sol au pied du siège côté couloir
Je dépose ma veste pliée sur le sac à dos
Je m'installe sur le siège côté fenêtre
J'abaisse la tablette
Sur la tablette je dépose mon téléphone portable et mon livre
J'attends que le train démarre
A 12h43 le train démarre
Au cours du voyage j'aurai sans doute une amende
A 13h28 le train arrive à Rennes
Je descends du train
Je déambule dans la gare
J'ai sur le dos mon sac à dos et à l'épaule mon sac de voyage
Je m'achète un billet TGV
Je vais au Relay
Je feuillette des magazines
Je me tiens devant le Relay
Je profite de la zone Wi-fi
Je vais sur Internet avec mon téléphone portable mais ça ne marche pas
Je sors de la gare
Je ne trouve rien pour m'acheter à manger
Je reviens dans la gare
Je m'achète à manger
J'ai sur le dos mon sac à dos et à l'épaule mon sac de voyage
Je cherche un endroit pour manger
Je mange
J'ai mes sacs à mes pieds
J'ai terminé de manger
Je recommence à déambuler
J'ai sur le dos mon sac à dos et à l'épaule mon sac de voyage
Début d'après-midi dans la gare de Rennes
Je fais les cent pas
Sur mon dos le sac à dos
A mon épaule le sac de voyages
J'attends que s'affiche le numéro du quai où sera mon train
De temps en temps je fais une pause
Les deux sacs à mes pieds
13h et quelques
Le numéro du quai s'affiche
Je reprends mes sacs
Le sac à dos sur le dos
Le sac de voyage sur l'épaule
Je traverse le hall
Je descends les escaliers
Je pénètre dans le train
Je cherche ma place
Je dépose les sacs dans les logements situés au-dessus des sièges
Je dépose ma veste pliée sur les sacs
Je m'installe sur le siège côté couloir
J'abaisse la tablette
Sur la tablette je dépose mon téléphone portable et mon livre
Quelqu'un s'installe côté fenêtre
J'attends que le train démarre
A 13h28 le train démarre
Au cours du voyage je n'aurai pas d'amende puisque j'ai un billet
A 14h33 le train arrive au Mans
Je descends du train
Je déambule dans la gare
J'ai sur le dos mon sac à dos et à l'épaule mon sac de voyage
Je vais au Relay
Je feuillette des magazines
Je me tient devant le Relay
Je profite de la zone Wi-fi
Je vais sur Internet avec mon téléphone portable
Milieu d'après-midi dans la gare du Mans
Je fais les cent pas
Sur mon dos le sac à dos
A mon épaule le sac de voyages
J'attends que s'affiche le numéro du quai où sera mon train
De temps en temps je fais une pause
Les deux sacs à mes pieds
15h et quelques
Le numéro du quai s'affiche
Je reprends mes sacs
Le sac à dos sur le dos
Le sac de voyage sur l'épaule
Je traverse le hall
Je descends les escaliers
Je traverse une partie du tunnel
Je monte les escaliers
Je pénètre dans le train
Je cherche une place libre
Je dépose le sac de voyage sur le siège côté couloir
Je dépose le sac à dos sur le sol au pied du siège côté couloir
Je dépose ma veste pliée sur le sac à dos
Je m'installe sur le siège côté fenêtre
J'abaisse la tablette
Sur la tablette je dépose mon téléphone portable et mon livre
J'attends que le train démarre
A 15h56 le train démarre
Au cours du voyage j'aurai sans doute une amende
A 17h42 le train arrive à Tours
Je descends du train
Je traverse le quai
Je traverse le hall
Je repère le quai où est déjà mon train
J'ai sur le dos mon sac à dos et à l'épaule mon sac de voyage
Je traverse le quai
Je pénètre dans le train
Je cherche une place libre
Je dépose le sac de voyage sur le siège côté couloir
Je dépose le sac à dos sur le sol au pied du siège côté couloir
Je dépose ma veste pliée sur le sac à dos
Je m'installe sur le siège côté fenêtre
J'abaisse la tablette
Sur la tablette je dépose mon téléphone portable et mon livre
J'attends que le train démarre
A 17h58 le train démarre
Au cours du voyage j'aurai sans doute une amende
A 20h38 le train arrive à Nevers
Je descends du train
Je sors de la gare
Je m'achète à manger
J'ai sur le dos mon sac à dos et à l'épaule mon sac de voyage
Je reviens dans la gare
Je commence à manger
Le train est annoncé
Je traverse le hall
Je vais sur le quai
Le train arrive
Je pénètre dans le train
Je cherche une place libre
Je dépose le sac de voyage sur le siège côté couloir
Je dépose le sac à dos sur le sol au pied du siège côté couloir
Je dépose ma veste pliée sur le sac à dos
Je m'installe sur le siège côté fenêtre
J'abaisse la tablette
Sur la tablette je dépose mon téléphone portable et mon livre
J'attends que le train démarre
A 21h03 le train démarre
Je termine de manger
Au cours du voyage j'aurai sans doute une amende
A 22h32 le train arrive à Clermont-Ferrand
Je descends du train
Je traverse le quai
Je rentre dans la gare
Je traverse la gare
J'ai sur le dos mon sac à dos et à l'épaule mon sac de voyage
Je sors de la gare
Je marche un peu
J'ai sur le dos mon sac à dos et à l'épaule mon sac de voyage
J'attends le bus
J'entre dans le bus
Le bus traverse une partie de la ville
Je suis debout
Mes deux sacs sont à mes pieds
Le bus s'arrête
J'ai sur le dos mon sac à dos et à l'épaule mon sac de voyage
Je descends du bus
Je marche un peu
Je pense à des trucs
Un flanc acheté à Rennes et mangé au Mans
Un rhume attrapé à Montparnasse et des mouchoirs achetés à Rennes
Un Coca bu à Lille et pissé à Paris
Je pense à des trucs
J'ouvre la porte de mon immeuble
Je grimpe quatre étages
J'ai sur le dos mon sac à dos et à l'épaule mon sac de voyage
J'ouvre la porte de mon appartement
J'entre dans mon appartement
Je ferme la porte de mon appartement
PROCHAINS RITUELS DRONE :
6 décembre à l'Hôtel des Vil-es (Clermont-Ferrand), en première partie de Kristof Stisinsky (chartres, éditeur des traductions de Saul Williams réalisées par Michel Bulteau)
20 décembre à la Maison pour tous Voltaire (Montpellier) - à l'occasion de la sortie de Banzaï numéro 7, dans lequel il y aura des textes de moi
16 janvier à la Villa des cent regards (Montpellier), dans le cadre des 24 heures du drone (alors celui-là, le loupez pas, je jouerai six heures d'affilée et peut-être sans aucun texte)
ET A PROPOS DU MASQUE :
Je voudrais, une nouvelle fois, attirer votre attention sur Aurore *U*, qui depuis la tournée Porcherie crée et fabrique mes masques, et qui pour le rituel drone a également conçu mon costume. Son travail est très original, de qualité, solide, adapté aux conditions du travail sur scène ; Aurore *U* a cette qualité rare de comprendre les significations et les enjeux de votre projet sans avoir besoin de discuter quinze ans avec vous, et de réussir à traduire ça en un masque qui, à la fois est parfaitement dans le sujet et à la fois évite tout caractère littéral ou bêtement illustratif ; si vous êtes musicien, théâtreux, cinéaste, vidéaste, performeur, etc., je vous encourage vivement à aller jeter un œil à ses sites. Considérant toutes les qualités que je viens d'énumérer, les tarifs d'Aurore *U* sont tout à fait abordables.
Voici ses divers sites :
Masques et créations textiles :
http://auroreu.wix.com/pantyhosePhotos et dessins :
https://www.flickr.com/photos/aurore-uSous le nom d'Archilux :
http://archi-lux.tumblr.com/Sa page Facebook :
https://www.facebook.com/aurore.bela?fref=hovercard***
Tout pour le Freak est un nouveau e-zine, auquel j'ai participé en donnant un texte et un morceau de drone. Voici ce qu'en dit l'éditeur :
Votre attention Messieudames, Tout pour le freak #1 est arrivé !
Une œuvre collective comprenant
- un livre de 58 pages (poèmes, nouvelles, essais, illustrations)
- une compil 8 titres electro/industriel
En téléchargement à prix libre (sans minimum), venez jeter un œil, partagez sans pitié...
...et Bienvenue dans la foire aux monstres !
https://toutpourlefreak.bandcamp.com/album/1-pile-haute***
QUELQUES EXTRAITS DE DESCENTE :
*** attention : c'est du premier jet strictement pas relu, donc farci sans doute de fautes et de lourdeurs ***
— Il m'a fallu environ trois jours pour la retrouver. Trois jours d'enquête non-officielle, et sur mon temps libre. Sachant que j'en avais pas beaucoup. Pas mal, non ?
— Tu as fait quoi ?
— Elle était remariée, la pute. Tu te rends compte ? Remariée, mère d'une petite fille, et toute la smala vivait à Lyon. J'avais toute les infos. L'adresse, l'école où allait la petite, tout. Tu sais ce que j'ai fait ? Tu veux savoir ce que j'ai fait ?
— Raconte ?...
— J'ai attendu d'avoir quelques jours de vacances et je suis allé à Lyon. J'ai passé quelques jours à les observer... A roder près de chez eux, à prendre des photos, ce genre de truc. Rien de bien méchant, tu vois. Personne savait que j'étais là, évidemment. Je suis resté cinq jours en tout. Jeudi et vendredi, j'ai bien observé, tout. Samedi, dimanche, aussi. Lundi matin j'ai attendu que tout le monde soit parti, le connard à son travail, la connasse pareil, la gosse à l'école, et je suis rentré dans le pavillon de merde. Un jeu d'enfant, tu t'en doutes. Là, j'ai pris des photos du lit conjugal, j'ai pris des photos de l'intérieur des tiroirs, les culottes de cette pute, etc. Tant que j'y étais, des photos aussi de la chambre de la fille, des jouets, des vêtements, etc. J'avais un appareil jetable. J'ai fait développer ça, j'ai payé en liquide, tu t'en doutes bien, et j'ai fourré les photos dans une grande enveloppe que j'ai glissée dans la boite aux lettres. Ca m'a occupé toute la matinée. Ensuite je suis passé chercher la gamine à l'école. Elle rentrait seule à midi, et puis ses parents la rejoignaient. J'ai abordé la gamine un peu à l'écart de l'école et je lui ai remis un gros paquet-cadeau. Je lui ai dit que c'était de la part de son papa, pour lui faire une surprise. Elle m'a demandé si elle pouvait l'ouvrir, je lui ai dit qu'elle n'avait qu'à faire comme elle voulait. Et j'ai foutu le camp.
— Et... il y avait quoi, dans le paquet ?
— Un gros rat crevé, les tripes à l'air. Et le couteau qui avait servi à la tuer encore enfoncé dans son crâne. Dans la boite, sous le rat, j'avais marqué le prénom et le nom de la gamine.
— Putain...
— Héhé... Tu imagines la panique ? Le rat crevé, les photos de l'intérieur de la maison... La gamine traumatisée, le mec fou de rage... dépôt de plainte et tout, évidemment ils – enfin, je veux dire, les flics – sont venus me voir, mais j'avias un alibi et puis bon, merde, j'étais de la maison, ils allaient pas creuser beaucoup. Du coup j'ai refait le coup trois ou quatre fois en trois ans. Les photos des strings de la pute. Un chien décapité refilé à la fille. Un chat coupé en deux. Bien sûr je pouvais pas lui refaire le coup du cadeau surprise, mais à chaque fois j'ai trouvé un truc. Pas de problème. Ils ont déménagé. Rien à branler. Tu sais quoi ? J'ai détruit leur famille. Au bout de trois ans, ils ont divorcé. Mon ex-femme était en dépression. Le mec en pouvait plus, il s'est tiré avec une autre meuf. La gamine s'est remise à pisser au lit. Elle avait dix ans ! A plus rien foutre à l'école. Cauchemars, psycothérapie, etc. Parfait. Mais j'en suis pas resté là. J'ai continué à travailler mon ex-femme. Des courriers. Des menaces. Des petits trucs. Des mecs que je connais, qui sont passé chez elle. Pisser sur ses fringues. Se branler dans son lit. Dès qu'elle rencontre un mec, faire en sorte que le mec se fasse défoncer la gueule ou embarquer par les flics et passer à tabac. Il y a six ans j'ai payé un type pour la violer et lui péter la devanture. Plus une dent, elle avait, et le mec lui avait détruit la chatte, je le connaissais, c'était un putain de sauvage, un animal. Il y a cinq ans elle s'est suicidée. Quant à sa fille, pour autant que je sache, elle est devenue timbrée, elle est retournée avec son père mais c'est la merde, elle fout rien à l'école, elle cherche la merde, elle est devenue violente, j'ai bousillé son adolescence. J'ai détruit leur vie. Et l'autre, elle est morte. Qu'est-ce que tu dis de ça ?
— Je sais pas...
— Moi, je sais, ce que je dis : faut pas me faire chier. Tu comprends ce que je te dis ? Faut pas me prendre pour un con, c'est tout. Celui qui me prend pour un con, il tombe sur un putain d'os.
Un nouvel extrait de "Descente", mon roman en cours d'écriture. Je le mets en ligne, celui-là, parce que j'en suis bien content. Non que je le trouve spécialement réussi (c'est, comme tous les autres extraits que j'ai mis en ligne jusqu'à présent, du premier jet non relu, et donc susceptible de se transformer un peu, beaucoup, voire de disparaître complètement), mais j'en suis content parce que, après des jours et des jours à galérer sur ce chapitre, à écrire des pages bonnes pour la poubelles (et qui y ont, invariablement, fini), j'ai enfin écrit ce fragment, bref, mais qui ressemble enfin à quelque chose. Les vingt pages suivantes, désormais, ne sont plus qu'une question de travail, et de patience. Le plus dur est fait.
3.
Les gens sont laids, voilà ce que se dit M., qui préfère les oiseaux, qui leur parle parfois, et qui va déambuler dans les rues après avoir nourri les pigeons qui squattent sur les toits sur quoi donnent ses fenêtres.
Il regarde les gens qui marchent dans les rues, il regarde ceux qui ont l'air d'avoir un travail et ceux qui, manifestement, n'en ont pas ; il observe les vêtements dans les vitrines, et leur prix ; il observe les menus des restaurants, et combien coûte la nourriture ; il tente de raccorder ensemble toutes ces informations, comme un puzzle, comme de la poésie expérimentale ; il n'y parvient pas souvent mais chaque jour, dehors, pendant plusieurs heures, il essaie. Les gens sont laids.
Voilà, c'est tout pour cette fois, merci de votre présence, et à bientôt !
Christophe Siébert.