je viens de trouver un article interressant et marrant d'alain rémond qui écrit à marianne et avant à télérama ; c pas sur le breton mais sur le gallo mais ca revient au meme : l'impossibillité de le formater par l'enseignement universitairre.
Le Gallo, un patois français de Bretagne. Un article paru dans le magazine Marianne du 19 au 25 avril 2008 N°574.
Un amusant article sous forme de clin d'oeil à l'actualité cinématographique et à l'idée reçue qu'en Bretagne, tout le monde parle breton......et bien non,on y parle aussi gallo, un patois français de Bretagne (on dit aussi langue brito romane). Disons le comme ça!.
image jpg du pays Gallo
Un site spécialisé indiqué par un ami internaute
Site spécialisé : Le Gallo langue brito-romane.
http://www.maezoe.com/maezoe-fr.hBienvenue chez les Ch'gallos!
Si j'ai bien compris, on va maintenant se mettre à parler ch'ti à l'Elysée et à Hollywood. Le carton de Dany Boon a en effet été présenté, le même jour, à petit lapin qui pisse derrière la tente en personne et en ouverture du festival City Of Lights, City Of Angels de Los Angeles. Rires, applaudissements et congratulations dans les deux cas. Ayant moi-même vu Bienvenue chez les Ch'tisvoilà une paye, ayant bien ri et applaudi, et m'étant chaleureusement congratulé de l'avoir vu, je me réjouis de cette nouvelle extension du domaine du ch'ti. Qu'on me permette simplement, avant qu'un livre d'histoire à destination des écoles n'enseigne que la langue officielle de la France est le ch'ti, qu'on me permette, donc, de rappeler qu'on ne parle pas ch'ti partout. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il existe, en France, des régions où l'on parle une autre langue que le ch'ti. Ainsi, on parle basque chez les Basques, occitan chez les Occitans (et provençal chez les Provençaux) , alsacien chez les Alsaciens, breton chez les Bretons. Et gallo chez les Gallos. Le quoi? Les quoi? Non, le gallo n'est pas la langue de Max Gallo (qui est plutôt du genre niçois). Le gallo est bel et bien parlé par les Gallos. Qui sont, eux, des Français du genre breton. Des Bretons dans mon genre. Autant le dire tout de suite: je suis gallo, né gallo, chez des Gallos. Donc chez des Bretons. Vous n'y comprenez rien? Attendez, je vous explique.
Tout d abord, un peu de géographie. Puisque toute la France est devenue ch'tie, rappelons que, par rapport au Nord qui est au nord, la Bretagne est au sud-ouest du Nord. C'est-à- dire à l'ouest de Paris. En gros, la Bretagne est dans l'Ouest. Pour la trouver, c'est facile: c'est là d'où arrivent toutes les perturbations, aux dires de la météo («une perturbation arrive par l ouest. ..»). Maintenant, un peu d histoire. Contrairement à ce que d'aucuns pourraient croire (des Ch'tis, par exemple), tout le monde ne parle pas breton en Bretagne. Il existe toute une région, dans l'est de l'Ouest, où on n'a jamais parlé breton. Mais gallo. Quoi qu'il puisse m'en coûter, mettons les points sur les si le breton est bel et bien une langue, le gallo, lui, n'est qu'un dialecte. Comme le ch'ti. Et, comme le ch'ti, le gallo est un dérivé du vieux français. Donc du latin. Je n'ai su que très tard que je parlais gallo. Chez moi, dans mon village, on appelait cale patois. On disait qu'on parlait patois. Le jour où j'ai découvert que je parlais gallo sans le savoir, ça m'a fait tout drôle. Encore plus quand j'ai appris qu'on enseignaitle gallo à l'université. Cela dit, que le gallo ne soit qu'un patois ne veut pas dire qu'il est à la portée de n'importe quel Ch'ti. Ou de n'importe quel non-Gallo. Je vais vous en écrire quelques mots, vous allez voir. Ou plutôt je vais essayer: je suis nettement plus doué à l'oral qu'à l'écrit.
(en vert là où on parlait breton jusque dans les années 50 / 60 dans les campagnes, en violet et jaune, là où on parlait gallo dans les campagnes)
De toute façon, la retranscription du gallo est un vrai casse-tête. C'est un problème d'accent. Sans l'accent, on ne comprend rien à ce qui est écrit. A l'inverse, on voit bien quand quelqu'un l'a appris par écrit, sans maîtriser l'oral. Pareil pour le ch'ti. Voyez Line Renaud: elle est peut- être du Nord, mais elle parle faux. Elle récite du ch'ti appris. Scolaire. Elle n'a pas l'accent. Quand je lis du gallo écrit, j'ai le même problème: il faut que je le lise à voix haute, avec l'accent, pour le comprendre. Sinon, c'est du chinois (du Max Gallo, ça dépend) . Par exemple, j'ai lu le Secret de la Licorne, l'album d'Hergé, traduit en gallo. Ca ne marche que si je me le mets en bouche. Si je me contente de le lire, je trébuche presque à chaque mot. C'est ce qui me fait rire, chez ceux qui ont appris le gallo à l'université. Et qui, l'ayant appris, s'autoproclament conteurs en gallo. J'écoute leurs disques (car ils font des disques): je n'y comprends rien. Ils n'ont pas l'accent. Ils n'ont pas la musique. C'est du gallo d'université. Bon, assez glosé, je me lance.
Tant pis pour l'exactitude de la retranscription: je vous le fais à l'oral. O l'rangeotte, par exemple, veut dire «avec le seau» (où on range l'eau). En gallo, «avec» se dit o s'il s'agit d'un objet, d'une chose. Mais quant o s'il s'agit d'une personne. «Viens quant o ma»: «viens avec moi» (du latin cum). Comme quoi le gallo est plus sophistiqué que le français. «Oui» se dit yan. Mais, à quelques kilomètres près, ça peut aussi se dire vé. «Non» se dit nenna (du vieux français nenni). «Si» se dit sia. «Peut-être» se dit vantié. «Vantié ben»: «peut-être bien». «Aujourd'hui» se dit aneut. Au café, on demande un mie (un café). «Fermer une porte» se dit crouiller. >Ou quiancher. La tirer se dit haler. Ou saquer. » Faire la sieste», c'est faire mérienne (même racine latine que méridien). «Je me suis fait drôlement mal» se dit je fais maudiment mal. Par le fait (autre tournure gallo), on adore utiliser le passé simple. On ne dit pas: «je suis allé à Paris», mais je fus à Paris.
Je ne vais pas vous surprendre en vous avouant que je parle rarement gallo à Paris. Pour ne pas dire jamais. A Paris, je parle français (ou ch'ti quand je sors du cinéma). Mais il suffit que je retourne dans mon coin, en Bretagne, pour que les mots me reviennent. Et, surtout, l'accent. C'est une musique que j'ai dans la tête. Qui ressort toute seule quand je l'entends autour de moi. Je suis né bilingue: gallo-français. Quoique breton, je ne comprends pas un mot de breton. A part kenavo, comme tout le monde. Je comprends mille fois mieux le ch'ti que le breton. Quand je vous aurai dit qu'en pays gallo (à Dol, par exemple) on mange de la galette-saucisse (et non une complète bretonne de chez breton), je vous aurai tout dit. Manger une galette-saucisse sur le marché de Dol, c'est déjà parler gallo. Surtout avec un coup de cidre.
Maintenant, je sais ce qui m'attend: des dizaines de lettres de lecteurs gallos de chez gallo, furibards et scandalisés, qui vont me dire que j'écris le gallo n'importe comment, que je n'y connais rien, que je raconte n'importe quoi. C'est la vie. Bien sûr, ils auront raison.
Yan, din
image jpg de droite "Carentoir" en pays gallo
restaurant "le Pré Gallo"
Samedi 19 Avril 2008 - 00:00
Alain REMOND
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