un article dans ouest-france pays de loire d'aujourd'hui, c pas une blague recente poutant

samedi 10 janvier 2009
L'argot d'un garagiste fait fureur sur internet
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La famille Gouard, qui a fondé ce garage en 1949 l'a vendu à la famille Rochard en 1984. Elle nous a prêté cette carte postale. : DR
Furibard, le patron du garage Rochard, dans la campagne nantaise, s'est lâché sur un répondeur téléphonique il y a plus de 10 ans. Cela lui vaut aujourd'hui une sacrée célébrité. Explications.
« Ça va barder, mais dur ! Ça va mal se mettre ! » Un torrent de colère déversé en quatre messages sur un répondeur téléphonique. Et voilà le garage Rochard star d'internet. Ici et là, on (ré)écoute la colère qui va crescendo du patron de cet établissement lové au creux d'un vallon de Saint-Jean-de-Boiseau (Loire-Atlantique). Le garage, aujourd'hui rasé et remplacé par des logements, est passé à la postérité.
Internet, accélérateur d'âneries, relaye de lien en lien le langage incroyablement fleuri de son propriétaire. Un fan-club a été créé. Wikipédia, l'encyclopédie contributive, lui consacre une page et Google propose 16 000 réponses... Retour sur un scénario qui louche du côté des Tontons flingueurs d'Audiard.
Monsieur Rochard a repris le garage Gouard en 1984, dixit Lionel Gouard, l'ancien patron. « Mon père l'avait fondé en 1949. » Il achète alors « une très belle affaire » selon Jean-Luc Ricordeau, historien local.
Las, l'entreprise périclite. Monsieur Rochard et son fils, qui faisaient le plein et vidangeaient à côté du café du Chat qui guette (où l'on mange généreusement aujourd'hui), cherchent à s'en sortir. Ils font brancher par Cofratel, installateur en télécommunications (1), un standard permettant d'être joints la nuit pour intervenir sur des dépannages facturés « 600 balles ».

Messages enregistrés et conservés
Patatras. Le branchement ne fonctionne pas. Et voilà les Rochard qui « ratent » deux accidents. Coup de fil furibard du père à Cofratel qui tombe sur un répondeur. Colère inépuisable du mécano qui enregistre un tombereau d'insultes et de menaces.Il exige l'intervention en urgence d'un technicien le lendemain dès 8 h.
Un deuxième appel suivra. Puis un troisième. Et un quatrième. Les messages ont tous été enregistrés et... conservés. Un petit malin les a mis en ligne sur le net et ils sont passés à la postérité. Sur le site internet d'un dictionnaire d'argot, les bandes sont présentées comme « un must qui a fait le tour du monde. Sans trucage ! À écouter absolument. » Si la blague est très connue chez les garagistes, elle ne l'est pas encore partout à Saint-Jean-de-Boiseau. L'historien local n'avait encore jamais entendu parler du sujet.
Pour ce qui est du « sans trucage », le patron du garage Gasse de Pornic, repreneur du garage Rochard en redressement judiciaire au milieu des années 90, est formel. « Ah, oui ! rigole-t-il, on reconnaît bien le patron ! » Et l'homme de l'art de Pornic de se souvenir du père Rochard si attaché à son établissement, qu'il continuait à s'y présenter même après l'avoir vendu... « Un sacré personnage », résume Lionel Gouard.
Pour certains, les dérapages de ce garagiste empêtré dans les problèmes techniques sont devenus « culte ». Pourquoi un tel succès ? Peut-être bien que ces messages agissent comme des antalgiques. Des remèdes à cette plaie du moment, ces répondeurs, boîtes vocales et autres serveurs automatiques avec touche étoile qui pourraient tous, un jour ou l'autre, nous faire couler une bielle.
Thomas HENG.
(1) Absorbé depuis par France Télécom.
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