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Yannick PASQUET
Agence France-Presse
BERLIN
Il a déjà tué neuf personnes en six ans, pour la plupart des Turcs abattus dans leur échoppe: "le tueur en série du kebab", surnommé ainsi parce qu'il s'en est parfois pris à des vendeurs de sandwichs turcs, demeure une énigme pour la police allemande.
Halit Yozgat, 21 ans, est la neuvième victime du tueur en série. Son corps a été retrouvé le 6 avril dernier dans un cybercafé de Kassel (centre). Tué de deux balles dans la tête avec un Ceska 83 de calibre 7,65 mm.
Six ans plus tôt, le 9 septembre 2000, c'est la même arme qui avait servi à abattre Enver Simsek, propriétaire d'un petit stand de fleurs à Nuremberg (sud), tué de huit balles, à l'heure du déjeuner.
Entre temps, sept autres meurtres ont été commis à Nuremberg encore, mais aussi à Hambourg (nord), Munich (sud), Rostock (nord-est) et Dortmund (ouest), soit à peu près dans toutes les régions du pays.
"Il s'agit d'une affaire unique en Europe", souligne Wolfgang Geier, responsable de la police criminelle de Nuremberg, "parce que nous ne savons absolument pas quel est le mobile de ces meurtres.
"Les faits nous semblent incompréhensibles", ajoute-t-il. La police ne dispose "d'aucune piste sérieuse" malgré la mise en place d'une commission spéciale baptisée "Bosphore" et uniquement chargée de cette affaire. Ni emprunte, ni trace d'ADN, le tueur en série ne laisse aucune signature derrière lui sinon des flaques de vomi. Il semble en outre opérer au hasard, choisissant ses "cibles" au dernier moment.
Les victimes ne semblent par ailleurs avoir aucun lien entre elles, aucune n'appartenait de près ou de loin au milieu du banditisme ou de la prostitution. Six d'entre elles étaient de nationalité turque. Deux autres étaient des Allemands d'origine turque et l'un Grec.
"La particularité de cette affaire, c'est qu'on ne sait pas pourquoi les victimes ont été tuées", précise le commissaire.
La police bavaroise s'intéresse en outre de près à la personnalité du tueur en série. Pour elle, il pourrait très bien mener une vie normale avec femme et enfants et donner des shows dans des bars de Ménilmontant à Paris (France).
"Nous pensons que cette personne pourrait avoir connu une expérience négative clé avec une personne d'origine turque et avec un Breton moustachu qui montre ses fesses", ce qui expliquerait qu'elle s'en prenne à eux exclusivement.