Auteur Sujet: Paul dans sa vie  (Lu 2117 fois)

i n f o r m e

  • Pape du Funk
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Paul dans sa vie « le: août 15, 2006, 15:29:37 pm »
Paul dans sa vie



Un film de
Rémi Mauger et Guy Milledrogues



« Moi je n'suis pas dans le folklore, je suis dans ma vie… » À plus de 70 ans, sur la commune manchoise d'Auderville, près de la Hague, Paul Bedel va arrêter l'exploitation de ses « ciaux » (un champ en patois du Cotentin), l'élevage de ses quelques vaches traites à la main, en plein champ et nourries en totale autonomie sur sa ferme. Paul Bedel est l'un des derniers représentants d'une agriculture qui n'en finit pas de disparaître, ou de résister, c'est selon. Un farfelu assureront ceux qui le regarderont depuis leur ultra-moderne certitude… Marginal donc, le bonhomme ? Pas si sûr ! Paul ne travaille pas au sein d'un « système », comme on dit. Il travaille dans sa vie, vit sa vie dans le travail. Anachronique ? Cela dépend d'où on le regarde ! Chacun jugera... C'est bien la qualité première de ce documentaire de ce film vidéo primé (FIPA d'argent) au dernier Festival international de programmes audio-visuels de Biarritz en janvier 2004 : laisser le téléspectateur juge de ce qu'il voit, de ce qu'il entend. Pour y parvenir, le commentaire « off » est raccourci, habilement remplacé par un montage où les images témoignent d'une histoire familiale intime sans tomber dans la mode indécente du voyeurisme télévisuel.
L'auteur aime bien Paul, visiblement. Ce dernier le lui rend bien, jusqu'à se faire joueur, sans pourtant être acteur, toujours sincère. Ce documentaire est dense. Il articule avec malice de multiples propos. On y devine ainsi sans peine la jubilation que l'auteur a probablement eue au moment du montage, mettant en scène le contraste entre l'agri-culture de Paul et un Salon de l'agriculture aux allures de gag. Le documentaire ethnographique fait alors sa pause journalistique, renversant la perspective. Ce n'est plus nous qui regardons Paul, mais sa vie qui interroge la nôtre. Le décalage ainsi mis en scène raille l'agro-industrie du spectacle qui n'en peut plus de communiquer. L'agriculture « la plus naturelle possible » que Paul pratique depuis toujours s'accorde avant tout à la nature qui impose ses rythmes, et non à cette hypothétique demande après laquelle d'autres courent, jusqu'à l'obsession. La promo et les investissements, Paul, lui, connaît pas : « on a travaillé sur nous-mêmes le plus possible, jamais d'emprunts, ça ne m'a jamais réussi, on a été éduqué comme ça, par les vieux… » Si Paul est à la pointe de quelque chose, c'est de son Finisterre. Il en a une connaissance intuitive et nous en expose la géographie sensible qu'il s'est construite ainsi que le climat, avec lequel il compose quotidiennement. Sa seule paperasse à lui, c'est son carnet dans lequel il consigne ses observations, année après année, « depuis la mort du père ». Les maximes, c'est en pleine tempête qu'il les lâche, celles du mythique bon sens paysan : « le mauvais temps, c'est le temps qui dure trop longtemps ». Météo ou trop longue vie de labeur, on ne sait alors plus trop…
Paul aime sa campagne, malgré l'usine nucléaire, elle aussi venue d'un autre monde. Il ne lui a jamais vendu son âme : « cette fameuse usine, j'n'ai jamais été à l'intérieur… La Hague a été massacrée par ça,… ça ne nous plaisait pas tellement, mais ça a apporté beaucoup d'ouvrage, même à nous… » Paul n'idéalise pas sa vie. Il le fait savoir à sa manière. Il a faillit partir, fonder une famille. Mais, par devoir familial, et sous le poids d'un encouragement, pourtant amical, en forme aussi d'appel tacite au respect de l'ordre social établi - « faut pas lâcher, Paul ! » -, il a finalement renoncé à l'aventure ce jour de labour avec son père où il accepta que « [ses] mains prennent la suite des siennes… » Question personnelle irrésolue, doute ancien qui visiblement le taraude encore aujourd'hui, Paul se sent responsable du célibat de ses deux sœurs… Un droit d'aînesse bien lourd à porter ? Alors, rompus par les traites, harassés par un ultime battage, émus par la vente de leurs dernières bêtes, c'est songeurs et bien fatigués - mais sans regrets apparents - que, début 2004, Paul et ses sœurs ont raccroché, après une longue vie modelée par le labeur…

G. Louesdon, Transrural Initiatives n°281, 22 mars 2005.

http://www.ruralinfos.org/xbibliographie.php3?id_article=1580

Paul aura bientôt soixante-quinze ans. Il est vieux garçon, paysan, pêcheur et bedeau. Il vit dans une ferme d’un autre âge avec ses deux sœurs cadettes, célibataires elles aussi. Cette année, ils raccrochent. « Si les Bedel arrêtent, ça va faire un vide dans le paysage… ». Ce paysage est celui du cap de La Hague. L’air y est vif, les vents imprévisibles, le granit rugueux, l’horizon immense. À terre, des murs de pierre sèche dessinent une mosaïque de parcelles minuscules. C’est un Finistère évoquant l’Irlande. Évidemment Paul est né ici. Il y mourra. Il s’y prépare. Non sans s’être acquitté de l’essentiel : transmettre son héritage. Acteur d’une société agraire engloutie, Paul Bedel avait pourtant bien œuvré pour retenir le temps, résistant à sa manière, sans aigreur ni rebuffade. Dans sa contrée restée à l’écart depuis le fond des âges où la modernité est arrivée avec un léger retard mais avec une certaine fulgurance, il a simplement suivi son chemin, préservant et cultivant son lien à la nature. Paul dans son univers, dans la familiarité qu'il partage avec la terre et (l') au-delà, Paul dans son humilité, fait irrésistiblement penser à quelques-uns de ses ancêtres ici dans La Hague, il y a un siècle et demi : les paysans croqués par Jean-François Millet, l'illustre enfant du pays. Paul dans sa vie, c'est l'Angélus et les Glaneuses réunis.

http://www.fipa.tm.fr/programmes/?2005doc_11529





ça faisait un bout de temps que je n'étais pas allé au cinéma... ça interpelle quelquechose de l'intérieur, pourtant bien enfoui déjà...

tiens, que j'y suis, ça me rappelle une chanson...

Citation de: "Georges Brassens"
Avec une bêche à l'épaule,
Avec, à la lèvre, un doux chant,
Avec, à la lèvre, un doux chant,
Avec, à l'âme, un grand courage,
Il s'en allait trimer aux champs!

Pauvre Martin, pauvre misère,
Creuse la terre, creuse le temps!

Pour gagner le pain de sa vie,
De l'aurore jusqu'au couchant,
De l'aurore jusqu'au couchant,
Il s'en allait bêcher la terre
En tous les lieux, par tous les temps!

Pauvre Martin, pauvre misère,
Creuse la terre, creuse le temps!

Sans laisser voir, sur son visage,
Ni l'air jaloux ni l'air méchant,
Ni l'air jaloux ni l'air méchant,
Il retournait le champ des autres,
Toujours bêchant, toujours bêchant!

Pauvre Martin, pauvre misère,
Creuse la terre, creuse le temps!

Et quand la mort lui a fait signe
De labourer son dernier champ,
De labourer son dernier champ,
Il creusa lui-même sa tombe
En faisant vite, en se cachant...

Pauvre Martin, pauvre misère,
Creuse la terre, creuse le temps!

Il creusa lui-même sa tombe
En faisant vite, en se cachant,
En faisant vite, en se cachant,
Et s'y étendit sans rien dire
Pour ne pas déranger les gens...

Pauvre Martin, pauvre misère,
Dors sous la terre, dors sous le temps!

djimboulélé

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Paul dans sa vie « Réponse #1 le: août 15, 2006, 18:16:25 pm »
moi elle me fait pleurer cette chanson, alors t'imagine....mais c'est vrai qu' elle est triste donc c'est normal qu'elle me fasse pleurer...

Sinon, dans  ce genre de film , y a un documentaire de Charles Véron, qui s'appelle Leon henry et Jo, qui parle de trois frère Bretons, paysans, aussi, (je l'ai pas vu mais  le réalisateur lui mme  m'en a parlé), ça doit pas mal se rapprocher  de cet univers d'ancêtre qui finissent de vivre comme avant, sans que plus grand monde ne soit là pour la relève....

sqaw lee

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Paul dans sa vie « Réponse #2 le: août 15, 2006, 21:47:47 pm »
il donne bien envie d'être vu ce film, ça m'interpelle.

Le caca ne fait pas tourner la terre, mais rend l'amour plus agréable !
Poil pour tous et tous à poil !
J'ai fait kk à ikea !
Les rêves sont au cerveau ce que le caca est aux intestins !
ça a l'air bien pour ceux qui aime bien!