Barack Obama maintient les tribunaux d'exceptionLE MONDE - 16.05.09 - 15h10 • Mis à jour le 16.05.09 - 15h10Washington CorrespondanteLe président Barack Obama, qui prévoit de tenir un discours sur Guantanamo et la lutte antiterroriste le 21 mai, aura fort à faire pour dissiper le sentiment général parmi les défenseurs des droits de l'homme et la gauche démocrate qui se sentent "trahis".Même s'il n'avait jamais formellement annoncé, pendant la campagne, qu'il poursuivrait tous les suspects de terrorisme devant la justice criminelle fédérale, et même s'il n'avait fait que "suspendre", en janvier, les commissions militaires, le public avait surtout retenu ses critiques implacables contre les tribunaux d'exception mis en place par son prédécesseur, George Bush. "Un échec monumental", disait-il en 2008, arguant du fait que trois détenus seulement avaient été jugés en sept ans.Par un communiqué, M. Obama a annoncé, jeudi 14 mai, qu'il avait décidé de conserver les commissions militaires, mais sous une forme révisée. Dans les 120 jours, de nouvelles règles de procédure seront définies, par décret ou en modifiant la loi de 2006. Différence de taille : les confessions obtenues par "des méthodes d'interrogation cruelles, inhumaines et dégradantes" ne seront pas prises en compte. Mais les témoignages indirects, non confirmés à la barre par leurs auteurs, ne seront pas systématiquement exclus (la charge de prouver leur fiabilité reviendrait cependant à l'accusation).M. Obama a constaté qu'un certain nombre de détenus - une vingtaine, semble-t-il - ne pourra pas comparaître devant la justice ordinaire, soit à cause des traitements infligés par la CIA, soit par crainte de divulguer des techniques de surveillance sophistiquées. Les commissions permettraient par ailleurs de tenir les procès des accusés des attentats du 11 septembre 2001, sur la base de Guantanamo (Cuba), à l'heure où les élus américains font tout pour éviter que des terroristes présumés soient transférés dans leur circonscription.L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a estimé que "relancer les tribunaux militaires vidait de son sens la fermeture de Guantanamo". Sur les blogs des activistes de gauche, "les commissions militaires de Bush" sont devenues "les commissions d'Obama".C. Ls