NEWSLETTER 20 SEPTEMBRE
C'est l'automne. Invoquez la pluie et écoutez en boucle Automn Equinox, de Coil, ne lisez pas Le Livre Des Violences de William T. Vollmann, un ramassis de platitudes écrites dans un style inspiré par les voix-off des reportages de la télévision, préférez Kant et Dostoievski.
Bonjour à tous.
Beaucoup de camarades-collègues cité-e-s dans cette lettre. Eventuellement ça pourra vous faire chier, ces longues tartines de name-dropping. Mais je vous conseille plutôt, et vivement, d'aller creuser tout ce qu'il y a derrière chacun de ces patronymes.
Avant d'arriver au vif du sujet, une anecdote. En général, je raconte pas trop ma vie dans ces lettres, mais là, il se trouve que j'ai assisté à un concert qui, à sa négative manière, tombait exactement dans les préoccupations qui animent en ce moment mon travail. Il y a quelques jours, donc, on m'a invité à aller voir Psychic TV qui se produisait à Bruxelles. Alléché par la perspective de me remplir de quatre litres de bière Belge pour le prix d'un pinte de pisse à Paris, et aussi pour voir à quoi ressemble quarante ans après une légende de la musique que j'aime, j'ai accepté.
Bon, alors, déjà, la légende ressemble à ma mère. Physiquement, je veux dire. Genesis P-Orridge a un incroyable visage, luisant et épaté, qui me rappelle l'abus d'alcool et de fond de teint de ma mère – le regard fixe d'insecte, aussi.
Quelques réflexion en vrac, suscitées par ce concert : voilà un type content. Voilà un type heureux de se tatouer, droguer, piercer, voilà un type heureux de se transformer en femme, heureux d'accomplir ça comme de joyeuses transgressions, heureux de vivre dans un monde qui fait de ces actes des transgressions, voilà un type heureux, qui ne veut rien changer, rien bousiller, juste creuser son trou, juste être heureux à être sur scène et à être Genesis P-Orridge, voilà un type heureux, qui ne se dit jamais qu'un monde lui permettant d'être à la fois Genesis P-Orridge ET un type subversif est pourri par nature et qu'il y a autre chose à faire sur scène que manifester la joie de s'y trouver, voilà un type heureux. Voilà un type qui monte sur scène pour donner un exemple. Voilà un type qui montre, à des gens qui vivent une vie leur rendant possible de venir à ses concerts et de le prendre en photo avec un appareil coûtant trois cent euros, la joie d'être un cassos riche et adulé, voilà un type épanoui. P-Orridge fait tout son possible pour montrer qu'être travesti, transgenre, sexuellement ambigü, c'est vachement épanouissant et rigolo, que c'est l'avenir de l'espèce. Mais ça fait combien d'année qu'il ne s'est pas fait casser la gueule par des connards ? Ca fait combien d'années qu'il vit dans un cocon de confort absolument hermétique, pour avoir des idées pareilles ? P-Orridge, c'est le réprouvé qui a réussi, et qui monte sur scène pour dire à des gens parfaitement intégrés à quel point c'est cool d'être un réprouvé. Durant tout ce putain de concert, je n'avais qu'une envie, c'est de lui jeter à la tête tous mes bouquins de Guy Debord. Je vais donc continuer à faire ce que j'ai toujours fait : écrire des livres qui rappellent à aux cassos que oui, leur vie est merdique, non, ça va pas aller en s'améliorant, peut-être, le bonheur est néanmoins possible. Je ne vais jamais dire aux femmes que c'est chic d'être une femme, aux pédés que c'est chic d'être pédé, je ne vais jamais dire aux travelos que dans ce monde, dans cette fin du monde tiède et confortable comme une marée noire, c'est chouette d'être un type qui se fringue en femme, que tout va bien, qu'il n'y a pas de problème, je ne vais jamais dire aux junks qu'au fond tout va bien et qu'entre les gens et eux le malentendu n'est pas si profond que ça.
Bon, ça suffit avec les Guns And Roses de la musique industrielle, il y a des choses plus intéressantes, des revues, notamment. Il y en a cinq qui viennent de paraître, et dont je voudrais vous causer un peu plus amplement que la dernière fois.
La revue Squeeze numéro 9, numérique, gratos, a pour thème cette fois-ci « tout doit disparaître ».
Au sommaire : Perrin Langda, Marlène Tissot, Xavier Bonnin, Mireille Disdero, Philippe Sarr, Joëlle Petillot, Valérie Benghezal, Barbara Albeck, Olivier G. Milo, Arthur-Louis Cingualte, Patrick Gomez Ruiz, Jean Azarel, Thierry Radière, Daphné Dolphens et moi-même, avec un extrait de La place du mort.
Extrait de l'édito : « Tout doit disparaître : 16 textes courts, 16 promenades à travers les fumées et les cendres, 16 univers éclectiques sur un même thème, de la p’tite poésie à l’uchronie délabrée, 16 propositions pleines de substances et remplies de néant. »
Et pour la télécharger :
http://revuesqueeze.com/actualites/revue-squeeze-n9/La revue Journal De Mes Paysages numéro 1, papier, 6 euros, A5, 58 pages couleur et noir et blanc.
Au sommaire : Catherine Barsies, Barbara Albeck, Pierre Saunier, Laure Giroir, Benjamin Girard, Martin Wable, Emilie Burgos, Florence Helmbacher, Antoine Erre, Antonin Veyrac, Isabelle Herbert, Coralie Bourgeois, Walter Ruhlmann, Kenny Ozier-Lafontaine, Florian Thomas, Catrine Godin, Michel Conrad, Sean Helmn, Marlène Tissot, Casimir Kubiak, Marine Leleu, Mathieu Lefranc, Louise Mézel et moi-même avec un texte inédit tiré de la série [écrire jusqu'à crever un texte par jour], qui doit paraître, sous un titre moins débile mais qui reste encore à trouver, chez Gros Textes au début de l'année prochaine.
Pour se la procurer : écrire à journaldemespaysages@gmail.com
La superbe Revue Métèque, numéro 1, papier, 17 euros, A4, 88 pages couleur, a pour thème cette fois-ci : amour, sexe et j'en passe ».
Au sommaire : Nicolas Albert G., Tunguska, Claire Von Corda, Sophie Lampole, Brice Hazziza, Azylis, Jean-Pierre Théolier, Marianne Mary Kaufmann, Thomas Vinau, Stéphane Bernard, Jean-Noël Gabilan, Geneviève Paclerc, Blanche Dubois, Eve Zybeline, Mike Kasprazak, Marc Brunier-Mestas, Jean-François Dalle, Toshihiro Okada, Al Denton, Justin Aerni, Heptanes Fraxio, Roger Guetta, Antonella Porcelluzzi, Anne van der Linden, Blanche Dubois, Matteo Varsi, Isabelle Bonat-Luciani, Gilles Sebhan, John Perivolaris, Marlène Tissot, Teddy Harvest, Nadine Janssens, Thomas Heuer, Vincent Descotils, Francesca Aquaviva et moi-même, avec une nouvelle inédite intitulée « A mon enterrement j'aimerais qu'il fasse beau », mais dont on s'est rendus compte un peu trop tard qu'elle aurait mieux fait de s'appeler « Huit secondes », tant pis.
Extrait de l'édito : « Quand j’ai proposé aux auteurs le thème de l’amour, l’un d’entre eux m’a répondu, assez finement : « Moi, les histoires d’amour, j’y connais keud ». Comme elle le méritait, j’ai salué sa phrase, souri d’une oreille à l’autre – vous connaissez ma jovialité.
Au moment où j’écris l’édito, cette phrase me revient, insistante: L’amour, on y connait keud.
Pourtant tous, nous avons vécu des histoires, dans un état plus ou moins somnambulique. Nous pouvons en faire le bout-à-bout maladroit – un plan suivant l’autre -, constituer un film brouillon, brouillé,. Mais qui a la force ou le don d’en extraire la quintessence ? »
Pour se la procurer :
http://www.revuemeteque.com/catalogue/revue-meteque-n1-2/La revue Short Stories numéro 9, numérique, 3 euros 99.
Au sommaire : Marlène Tissot, Roland Goeller, Lordius, Christophe Petit, Eric Lysoe, M. Chick, Isabelle Montocchio, Philippe Di Maria, Thierry Radière, Yann Ricordel-Healy, Brice Hazziza et moi-même, avec une nouvelle intitulée « La première fois que j'ai tué mon père », pas inédite mais qui était indisponible depuis un certain temps.
Pour se la procurer :
http://www.short-stories-etc.com/numeros/septembre/La revue Ce Qui Reste, enfin, en ligne, gratos, sans sommaire puisque alimentée en permanence, mais avec une liste d'auteurs déjà longue comme le bras, à voir ici :
http://www.cequireste.fr/?page_id=2461, et où je serai régulièrement publié.
Les prochaines occasions de me voir sur scène :
Le 24 septembre au thé des écrivains à Paris, pour la sortie de la Revue Métèque. Rituel drone centré sur l'amour, qui durera 20 minutes. Entrée gratuite, ouverture des portes à 19h30, infos ici :
http://www.thedesecrivains.com/fr/agenda/view/138/la-revue-meteque-fete-son-lancementLe 9 octobre à l'Aubergerie à Châteauroux les Alpes, dans le cadre du festival annuel organisé par Rions de Soleil (la structure qui chapeaute les éditions Gros Textes, qui publient ma poésie). Rituel drone centré sur Poésie Portable et sur mon prochain texte à paraître chez Gros Textes, qui durera 30 minutes. Entrée gratuite, ouverture des portes à 19h, infos ici :
https://sites.google.com/site/lesrionsdesoleil/comedia/jeudi-9-octobreLe 11 octobre à la librairie à la librairie Les cahiers de Colette, à Paris, pour la remise du prix de Sade. Bon, là, je ne ferai rien d'autre que recevoir, ou ne pas recevoir, le prix, mais vous pouvez toujours venir me faire des bisous félicitatoires, des câlins consolatoires, voire me payer des coups, euh, à boire. Entrée gratuite, à partir de 20h, infos bientôt ici :
http://www.lescahiersdecolette.com/f/index.phpD'autres rituels drones sont à venir (Marseille, Bruxelles, Lille, Clermont-Ferrand, Toulouse, Montpellier), mais nous aurons bien le temps d'en reparler.
A propos de rituel drone : il ne vous aura pas échappé que depuis quelques temps, sur scène, je me produis masqué – et bientôt, costumé. Ces masques – et ce futur costume – sont l'oeuvre d'une artiste aux projets nombreux, au travail d'une grande exigence formelle aussi bien qu'intellectuelle, qui signe notamment Aurore *U*, et dont je vous recommande chaudement de visiter le site (et ensuite, vous pouvez aussi enquêter dans la forêt de ses autres pseudonymes et découvrir tout le superbe reste de son foisonnant travail) :
http://auroreu.wix.com/pantyhoseVoilà. Beaucoup de devoirs pour vous ce mois-ci, avec toutes ces belles choses à lire, visiter, regarder, explorer, mais c'est normal, c'est la rentrée.